20 août 2012
Assoiffés

La terre, les hommes, les traders. La canicule qui vient de s’abattre en France et en Europe (la photo n’est pas prise en Afrique mais en Espagne) est symptomatique depuis quelques jours de ce réchauffement climatique, devenu une véritable tarte à la crème à laquelle quasi personne ne  prête plus attention. Les Etats-Unis traversent pourtant la sécheresse la plus grave depuis 1956 dans  cette fameuse Corn belt-ceinture du maïs- entrainant la hausse des prix de plus ou moins  20 % en un mois pour environ tous les céréales, blé et soja compris. Résultat direct pour le cheptel américain, ces camps de concentration où sont parqués les bovins-sans herbe, juste du maïs pour engraisser- ils supportent un surcoût de 60 000 euros par jour! D’autant qu’un animal qui a chaud a moins faim et donc engraisse moins vite-vous n’avez qu’à voir l’allure des vaches africaines. Et ce n’est pas la Russie ou l’Inde qui vont pouvoir sauver la situation, elles aussi touchées par le manque de pluie. Alors les pays comme l’Iran, l’Egypte, qui le peuvent s’organisent en achetant en ce moment des tonnes de céréales, la France diminue ses exportations avant que les spéculateurs ne fondent sur ce qu’il restera-tels des vautours. Avec des variations de prix qui ne dépendent plus de l’offre et la demande mais sont liés aux fluctuations des marchés boursiers comme un vulgaire produit financier, les cours s’envolent désormais sans aucun rapport avec la réalité du terrain et des stocks. A la clé, une bombe à retardement qui pourrait bien exploser dès cet automne avec des émeutes de la faim comme en 2008 pour ceux qui n’auront plus de quoi s’offrir le strict nécessaire-de la farine. Nous, nous serons alors de nouveau sous la pluie, le paquet de pâtes et la viande un peu plus chers à regarder les images à la télévision  de peuples manifestant pour avoir le droit de pouvoir s’acheter de quoi manger. Autant de futurs sans papier et d’indignés qui finiront cela est certain par se révolter. Quant aux traders, ils pourront toujours compter sur leur prime de fin d’année.

Par Laetitia Monsacré

En Afrique, une sécheresse, cela ne donne pas du maïs qui grille mais cela

Articles similaires