Etriqué dans un appartement familial trop « rectangulaire », le jeune Sergi Lopez veut partir à l’aventure et gagner sa liberté. Mais pour ce faire, il doit d »abord passer par le rite initiatique de l’affrontement avec le père, opposé à son fils quoique davantage préoccupé par le match de tennis à la télé. L’épreuve passée, ce « Stevenson » à la carrure de Depardieu part alors à la conquête d’espaces exotiques et d’animaux extraordinaires. Mais le petit Sergi va vite s’apercevoir qu’il n’est pas si facile de tuer le père.
Le spectacle 30/40 Livingston, spectacle écrit par Sergi Lopez et son ami depuis plus de 20 ans Jorge Pico, repose d’abord sur le jeu intense et généreux de Sergi Lopez. L’acteur d’origine espagnole aborde la pièce comme on s’attaque à un nouveau continent, le buste haut, le ventre rentré (dans la mesure du possible) et avec une inextinguible énergie de conquistador pacifique. Le dialogue noué avec un cerf extraordinaire, interprété par Jorge Pico, est également l’occasion d’amusantes digressions humoristiques, jeux de mime et autres épisodes poétiques.
Aussi tendre et intime que soit ce conte, et en depit de l’important capital sympathie de l’acteur, le spectacle cale régulièrement sur ces bons sentiments. Les ficelles un peu trop épaisses du canevas psychanalytique, notamment avec l’omniprésence du père dans les dialoques et sur la scène, empêche le spectacle de réellement décoller. C’est d’autant plus dommage que les quelques moments de folie douce fonctionnent réellement. C’est plus particulièrement le cas avec le personnage mutique et craintif du cerf, que Jorge Pico incarne avec grâce.
Par Florent Detroy
30/40 Livingston au Théâtre de la Luna, jusqu’au 27 juillet, à 19heures 25