17 juin 2012
Tu parles d’une sérénade…

La révolution n’était pas loin; elle grondait même devant les jardins de Versailles ce samedi soir, à l’issue de la Sérénade que l’on avait promise aux détenteurs d’un billet groupé pour cette nouvelle saison des Eaux nocturnes du Château de Versailles. 39 euros soit 16 euros de plus pour poirauter dix minutes certes sous un lustre- sculpture monumental de l’artiste Joana Vasconcelos puis être admis dans les appartements du roi après la fermeture. Mais cela pour un petit quart d’heure avec une dizaine de figurants dont un roi nous invitant à « danser » et à nous sentir comme chez nous alors qu’un service d’ordre nous poussait sans ménagement vers la sortie. Il n’y avait hormis à tenter d’apercevoir les autres oeuvres de l’artiste portugaise-un magnifique apport contemporain-de toutes les façons pas grand chose à voir. Une petite danse à laquelle on ne voyait rien, l’impossibilité de s’asseoir et à la fin, l’impression de ce que l’on appelle un attrape couillon…d’autant que pour attendre la suite, pas un banc n’était prévu et même pas la possibilité d’aller à l’avance dans les jardins, ni accéder à la buvette en priorité. Trois quart d’heure donc à pester, assis sur quatre pauvres marches en attendant le spectacle équestre, une quinzaine de minutes d’un caroussel avec Pachelbel et Farinelli,  là encore pas facile à voir et aux commentaires inaudibles.

Ah, cette perspective…

Mais le soleil était là pour rendre hommage à son roi et c’est sous une lumière sublime que le Château devint lui même un spectacle grandiose dans son écrin crée par Le Nôtre. Les fontaines en marche dès 21 heures, la randonnée commença alors, avec pour les habitués, sac à dos et tennis pour suivre le parcours à respecter sans beaucoup de liberté. De quoi avoir l’impression de se croire à certains moments dans les couloirs du RER à l’heure de pointe…le vent en plus. Et pas question de s’asseoir, pas une chaise n’ayant été prévue pour trois heures de rang, les jeunes gens en charge de contrôler le flot, vous fliquant sans relâche, si l’envie vous venait de poser une fesse quelque part…. Reste la beauté absolue du lieu, de cette musique s’élevant dans tout le parc,  l’eau sortant des fontaines, dansant comme sur cette Marche turque de Lully qui, à elle seule vous faisait oublier le froid et le monde. Les fontaines à feu sur la pelouse de la perspective étaient également remarquables et, après une attente dont les dernières minutes parurent interminables, les pieds rompus et la fatigue venant, le feu d’artifice, véritable spectacle pyrotechnique rythmé par la musique et se détachant au fond de la perspective centrale magnifiquement éclairée offrit un final qui,  a lui seul,  valait toute la soirée. De quoi se dire que la meilleur façon de vivre ces Grandes Eaux Nocturnes, était de faire un bon diner bourgeois en ville puis prévoir une promenade digestive dans les jardins juste avant que la nuit ne tombe et, alors, se prendre pour le roi que l’on attendait plus que pour tirer, en son honneur, quelques petites fusées…

 

Par Laetitia Monsacré

 

les Grandes eaux nocturnes-tous les samedis jusqu’au 1 er septembre de 21 heures à 23h20 -23 euros

 

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