6 novembre 2011
The Surfer- la bataille commence

En 2011, ça bouillonne, ça expérimente, ça invente, et ça, sur le web. C’est désormais sur le net que se joue en effet l’avenir des médias. Et c’est  bien sur le terrain numérique que la guerre est déclarée. L’actualité effrénée -mort de Ben Laden et de Kadhafi, printemps arabe, Fukushima, affaire DSK, crise européenne a redonné un peu le sourire aux ventes des journaux et aux audiences des JT, mais le centre de gravité s’est déplacé immanquablement vers le web. Et donc, rien ne sera plus tout à fait comme avant dans le petit monde des médias avec progressivement, des sites d’infos qui ont investi les champs habituels des médias traditionnels. Le « hard-news« , jusqu’ici réservé aux chaînes de télé et de radio 100% infos, est désormais le terrain de jeu favori des médias en ligne qui battent des records de vitesse pour propager l’info et multiplient jusqu’à l’excès les couvertures « live » de chaque événement. L’affaire DSK, qui aura marqué l’arrivée massive de Twitter dans les rédactions et dans le paysage médiatique français, restera le symptôme de ce basculement. Alors que les sites d’infos annonçaient l’affaire grâce à Twitter et rendaient compte en direct des moindres paroles de Dominique Strauss-Khan depuis l’intérieur même de la salle du tribunal de Washington, caméras et micros faisaient le pied de grue dans la rue et passaient leur temps à courir derrière l’information numérique! L’investigation, matière noble et domaine habituellement réservé des journaux les plus prestigieux devient également l’un des attraits du web. Les affaires Bettencourt et Takiedine, qui auraient sans doute fait de très beaux scoops pour les unes du Monde ou de Libération il y a quelques années, ont été révélées par Médiapart. L’enquête d’Ovni.fr sur les gaz de schiste mettait le sujet à la une de l’actualité : d’autres suivront. L’information participative, celle qui donne la parole au public et qui était l’apanage des radios dans les tranches matinales et autres « le téléphone sonne« , a elle aussi en bonne partie basculé sur le web avec des sites devenus experts en la matière tels que Rue89, le Post du Monde ou LePlus, lancé par Le Nouvel Observateur. Depuis plusieurs années déjà, la création de nouveaux médias nationaux est le domaine réservé du web. Mais en 2011 les choses se sont accélérées avec le lancement de pas moins de six nouveaux sites d’infos : Quoi ?, Newsring dirigé par Frédéic Taddéï, Le Lab d’Europe 1, Le Plus lancé par Le Nouvel Observateur, The Pariser, ici présent et le poids lourd de la catégorie, Le Huffington Post qui débarque en France en partenariat avec Le Monde. Désormais, les acteurs traditionnels, les poids lourds du secteur, entrent vraiment dans la danse. Le Nouvel Obs, Le Monde et Europe 1, qui avaient déjà tous des sites d’information sous leur propre marque, veulent aller plus loin. Et pour cela, ils s’offrent de véritables laboratoires médiatiques en ligne, des sites testant de nouvelles formules de journalisme « augmenté », « participatif », « réactif » ou « alternatif ». Tous ces sites d’infos ne passeront pas l’année 2012. Certains disparaîtront, d’autres seront rachetés. Mais le mouvement est enclenché. Le marché publicitaire ne s’y trompe pas en augmentant chaque année ses investissements dans les médias en ligne alors qu’ils se réduisent dans les médias traditionnels. Même l’information locale, jusqu’ici citadelle imprenable des grands groupes de presse quotidienne régionale, voit émerger de nouveaux acteurs en ligne, les fameux pure-players locaux. A Lyon, Toulouse, Rouen, Dijon, ces sites se lancent pour proposer une autre offre d’information sur le web. Et ce n’est finalement pas si étonnant : les usages des consommateurs ont déjà grandement évolué vers le numérique. La nouveauté? C’est que les médias français semblent prêts à surfer sur la vague. Enfin !

par Erwann Gaucher

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