21 novembre 2011
The Madrider-Tsunami de droite


C’est évidemment toujours le cas. Les deux faces de l’élection : Jean qui rit, Jean qui pleure. En l’occurrence, Mariano qui piaffe, Alfredo qui sanglote. Il fallait les observer après les résultats! Une droite populaire triomphante, hautaine, méprisante. Une gauche brisée, effondrée, froissée. Devant les sièges des deux partis, en plein centre de Madrid, les militants osaient « leur » explication du scrutin.

Chez les socialistes, calle Ferraz ? Les militants, plutôt rares, se lâchaient. La Direction a viré au centre, disaient certains! Le Parti a cédé aux sirènes des marchés et de Bruxelles.  « Le peuple a été oublié, Zapatero nous a trompés : il a fait une politique de droite ! ». Carlos, avocat de 33 ans, fils de républicain,  se console devant « una copa », de Rioja. De fait ….  Zapatero a largement viré sa cuti. Au terme de quatre années émaillées de belles mesures sociétales -loi autorisant sans conditions l’avortement, légalisation du mariage gay- il a bel et bien oublié « ses » électeurs. Deux décisions ont fait exploser le malaise : le gel des retraites et la diminution de 5 % des salaires des fonctionnaires, médecins ou enseignants. Deux décisions scandaleuses pour… un gouvernement dit de gauche ! Les militants socialistes en conviennent. « Dites à votre Hollande de ne pas délaisser les pauvres », conclut José.

Une  revanche

Devant le siège du Parti Populaire, calle Genova, de la nuit à la lumière. Les drapeaux bleus et blancs du Mouvement se confondent avec ceux, sang et or, de l’Espagne. Le ton est résolument revanchard. Comme si l’équipe nationale de football avait triomphé. L’ambiance est nationaliste, patriotique, pour ne pas dire… franquiste. Ils sont des milliers à scander « l’Espagne unie ne sera jamais vaincue » ou encore en bombant le torse, « Nous sommes espagnols ». Cette imposante victoire de Rajoy et de leur parti, c’est à l’Espagne qu’ils veulent la devoir. A cette « grande Nation » comme ne cesse de répéter leur leader, Mariano! Dans la foule, il y a de tout. Un melting-pot de droite. Un éventail bigarré. Des libéraux aux ultras. Ici, pas d’équivalent du Front National, pas de parti d’extrême-droite. Les derniers en date, dont « Fuerza Nueva », se sont fondus au sein du Parti Populaire, il les a tous avalés. Il y règne une « division d’opinions », comme on dit en tauromachie !
L’aube pointe. Les bars à tapas ferment. C’est déjà lundi. Et maintenant ? Que va faire cette droite aux manettes qu’elle a tant courtisées? Pas sur qu’elle le sâche elle-même!

Défaite historique

Le résultat des législatives a tracé une évidence : il n’y a plus d’opposition en Espagne. Le parti populaire détient tous les pouvoirs. En mai, déjà, il avait gagné les municipales et les régionales. Cette fois il vient de remporter la majorité absolue des sièges au Parlement.  Mariano Rajoy sera le prochain président du gouvernement espagnol. Il va pouvoir gouverner seul, sans devoir conclure d’alliances à la Chambre. Le parti socialiste de son côté mord la poussière. Jamais dans son histoire il n’était tombé aussi bas ! Un échec cuisant non pas tant pour Rubalcaba, le candidat socialiste mais pour Zapatero dont la politique a été clairement censurée par le corps électoral. Ces législatives marquent également une poussée significative des petits partis. La coalition d’extrême-gauche «izquierda unida », la gauche unie, l’autre grand vainqueur du scrutin, qui avait deux députés devrait en totaliser 11 ! Beaucoup d’électeurs de gauche déçus par Zapatero  ont clairement délaissé le parti socialiste pour cette « izquierda unida ». Au pays basque, enfin, il faut noter l’avancée remarquable de la coalition indépendantiste. Elle va obtenir 7 députés à Madrid et formera un groupe parlementaire!
Comment Mariano Rajoy va-t-il gérer son immense succès? Pour le moment, durant la campagne, il a esquivé les questions sur ses recettes pour gérer la crise. « La priorité, a-t-il dit, sera de contrôler notre déficit et de promouvoir l’emploi ». Sans précisions. Bientôt à la tête du gouvernement, dès le 21 Décembre,  cette fois, il va devoir agir. Et non plus… promettre!

par Pierre Cayrol

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