26 septembre 2012

Marcel Brient fut un génial collectionneur; la dispersion de ses oeuvres en témoigne, ce lundi 24 septembre dans l’élégant salon de la maison Sotheby’s, rue du Faubourg Saint Honoré, non loin de l’Elysée. Beaucoup de monde, un chien et Nathalie Rykiel-fine amatrice d’art-pour prendre place dans la salle où sont accrochées de grands formats- une belle composition de Raymond Hains, des tissus agraphés de Gérard Deschamp,  un panneau en bois de Jean Pierre Raynaud, de très belles affiches lacérées de  Jacques Villeglé ou encore Arman, Nikki de Saint Phalle et une étude de Simon Hantaï qui atteindra les 720 000 euros, record de la soirée. Mais pour l’instant les chaises encore se remplissent avec un premier constat amusant: ici, ce sont les derniers rangs qui sont réservés…afin de conserver son anonymat. Les têtes se tournent ainsi en tous sens pour voir qui a enchéri, tandis que les raquettes-le morceau rond en plastique sur lequel est inscrit votre numéro restent très discrètes. Au téléphone, près de 14 collaborateurs prêt à crier « enchère » tandis que le personnel s’affaire autour de vous avec cette sollicitude qu’ont les gens habitués aux clients « difficiles ». Pas question ainsi de commettre un impair et se fâcher avec un bon client ou son acheteur anonyme. Il est en tous cas délicieux de poser le regard sur des oeuvres qui ont toutes ce  « quelque chose » auquel on reconnait les grandes collections. Marcel Brient, breton, âgé de 72 ans n’est pas dans la salle mais le regard qu’il a porté sur l’art, y est assurément comme cette poussette emballée par Christo ou cette croupe de cheval sortant d’un mur de Jean Michel Alberola.

Ce n’est pas Madame

19 heures tapante, le marteau retentit pour demander le silence. La vente commence doucement, avec un numéro 1 pas facile à ranger-une boite d ‘allumettes géante intitulée Seita, de Raymond Hains. « Que dit-on au téléphone si l’on dit quelque chose » »demande le commissaire-priseur. le premier acheteur au physique d’informaticien plus que de rentier n’a pas de numéro, mais vite cela rentre dans l’ordre. Le coeur à la chauve souris de Nikki de Saint Phalle aurait bien plus à ma voisine mais à 70 00 euros, elle baisse sa raquette vaincue par le téléphone. « Ce n’est pas Madame » conclut le commissaire en abattant son marteau. De 5 000 en 5 000, les prix montent doucement, avec comme prix d' »amis », un petit pot rouge de Jean Pierre Raynaud qui part à 2 000 euros, plus 25 % du prix à rajouter pour Sotheby’s plus 20 % de TVA pour l’Etat. « Mercèdes, ne vous laissez pas démonter » commente Cyrille Cohen sur un ton un peu paternaliste vers les jeunes et jolies collaboratrices pendues au téléphone et se nommant Isaure ou encore caroline. A 400 00 euros dépassé pour l’étude de Simon Hantaï, il boit alors un petit verre d’eau. 600 000 euros le marteau tombe, un applaudissement retentit. Deux très belle toiles de Honneger passent entre les gants blancs du manutentionnaire, tandis que François Morellet, encore vivant a pu, ce qui est très pratique confirmer lui même l’authenticité de ses oeuvres. « et sur le net, ils ne disent pas grand chose… »Mes voisins se lèvent et partent, le Saint Phalle raté. Buren -estimation on request- part à 78 000 euros à un jeune homme parlant dans son I phone. ce qui est certain c’est que les biens partent au prix des estimations, preuve que à l’exception de quelques oeuvres non vendues comme une Gravure de Michaux ou une sculpture de Garouste, la vente est un succès pour ce collectionneur qui s’enorguit d’avoir fait sept record du monde en art contemporain, soit des ventes pour 34 millions de $ en deux ans. Pas mal pour un homme parti de rien mais il est vrai, aidé par ses fréquentations notamment celle de Louis Clayeux, directeur de la prestigieuse galerie Aimé Maegth, dont il partagea la vie, et qui fit son éducation. Ainsi son « Richter »,  peintre allemand surdoué qui fut l’objet d’une très belle exposition à Pompidou cet été, acheté 100 000 $ vaut-il aujourd’hui 20 millions. De quoi confirmer le talent de collectionneur du Monsieur…

LM

L’arbre de Martial Raysse, vendu 180 00 euros hors frais

Assimiler de Gottfried Honergger, né en 1917  et adjugé 16 000 euros

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