10 novembre 2017
Paris Photo, Paris est une fête !


 
De la joie ! Paris Photo, pour sa 21 ème édition sous la nef du Grand Palais est un enchantement, une effervescence. Photographie historique, vintage et contemporaine, ce sont cette année 30 pays, 189 exposants dont 40 nouvelles galeries et 2000 artistes qui font de Paris Photo l’évènement incontournable pour les collectionneurs, les professionnels et les amateurs de la photographie; installations et grands formats (secteur Prismes) et cette année, un nouveau secteur films/vidéos en partenariat avec MK2 où la question des différentes pratiques et utilisations de l’image est mise en avant tandis que le Salon d’Honneur accueille sous l’égide de Marta Gili, Directrice du Jeu de Paume, et sur le thème de « La vie des choses », une partie de l’abondante collection privée de la galeriste espagnole Helga de Alvear aux œuvres décalées de photographes tels que les Américains Gordon Matta-Clark, Allan Sekula ou encore le passionné de maquettes allemand Thomas Demand.
 
Mais la plus grande joie est celle du plaisir de regarder tout simplement pour découvrir l’univers d’un artiste, être surpris, étonné, ému, bouleversé, traversé. De l’humain, des émotions fortes et des coups de cœur: Harry Callahan avec ses déserts splendides, Kertesz et sa « solitude », August Sanders, Diane Arbus à la Daiter Galerie mais aussi Barbara Crane dans une série splendide People of the North portal; des personnages sortant par une même porte à tour de rôle ou cette photographie originale de Kenneth Josephson de mer sur laquelle vient se poser une photographie d’un bateau (l’image dans l’image, superposition permettant d’attirer l’attention sur le processus de création photographique) ou encore Irving Penn et ses portraits péruviens. La Galerie Robert Morat présente Bill Jacobson et ses formes géométriques. Harry Gruyaert à la Galerie Fifty One éblouit avec ses photographies très « cinématographiques », Sarah Moon, Gilbert Garcin, Mickael Kenna ou encore Patrick Taberna à la Galerie Camera Oscura sont un délice. Et puis Yves Marchand et Robert Meffre avec leurs grands espaces abandonnés, en ruine à la galerie Polka à côté des célèbres Pingouins de Salgado nous emportent. Et puis là encore, une magnifique photo de mer de Jeffrey Conley. On s’arrête faire une pause à la galerie Tessa Herold devant les photographies aquatiques de Valérie Winckler. On repart à la galerie Etherton pour ne pas rater Yamamoto Masao et à la galerie Eric Dupont revoir les gitans de Mathieu Pernot. De grands formats attirent le regard à la galerie Foucher Biousse comme Lise Sarfati (qui fait l’affiche de Paris Photo) avec ses personnages qui marchent dans les rues vides de Los Angeles. Todd Hido et ses chemins à la Rosegallery sont émouvants ou encore à la Galerie Continua les merveilleux portraits de Leila Alaoui-qui sera l’an prochain exposée au musée Saint Laurent de Marrakech- trop tôt disparue interpellent. Les grands formats de Ethan Levitas à la Galerie Jean Kenta Gauthier sont éblouissants, tout comme ceux de Stephan Wilkes à la galerie Bryce Wolkowitz. La galerie Nathalie Obadia présente Seydou Keita, un enchantement. Et puis Susan Meiselas et sa série sur les stripteaseuses « Carnival Strippers » bouleversantes à la galerie Danziger.
Pour finir, à l’espace PRISM ne pas rater Jungin Lee, artiste Coréenne invitée à réaliser avec onze autres photographes dont Jeff Wall et Thomas Struth un travail sur Israël et la Palestine. Les 38 photographies  sont extrêmement fortes et montrent au travers de routes, de paysages, d’arbres une tension et une peur permanente avec pourtant un certaine douceur. Au même endroit, Gilles Caron et sa série Lanceurs de pierre propose une chorégraphie de la révolte, et si Gilles Caron est avant tout un reporter de guerre, il se révèle un portraitiste hors pair. Mais la plus bouleversante de toutes est la série Black Eyes de Denis Rouvre; des portraits de jeunes enfants en Thaïlande photographiés juste après un combat de boxe qu’ils n’ont pas forcément choisi.
Du mouvement, des hommes et des femmes, des rues, des lieux, des couleurs et du noir et blanc, de la vie surtout. Une photographie qui aime l’humain autour du corps, de l’abstraction, du documentaire et des témoignages….Vous l’aurez compris, Paris Photo est avant tout une fête pour le regard que vous soyez acheteur ou pas.

Par Karine Bouvatier
 
 

Paris Photos au Grand Palais jusqu’au 12 novembre 2018

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