9 novembre 2011
On annule le prix!

S’il est un événement germano-pratin, c’est bien sur le Prix de Flore, traditionnellement rendu en novembre dans le célèbre café parisien, antichambre s’il en est de l’édition française. Beauvoir, Sartre, leurs fantômes hantent-ils les murs? Nul ne pourrait le dire mais le premier étage fait toujours rêver plein d’écrivains en devenir qui y viennent s’installer pour noircir des feuillets. On ne sait pas -a la différence du Goncourt Alexis Jenni qui a écrit presque tout son livre dans un café lyonnais- où Marien Defalvard a écrit son livre. Ce qui est sur c’est que l’heureux lauréat de ce prix est un jeune homme – 19ans – a un tempérament certain. Après qu’il ait posé sa petite boule rouge – des verres en plastique au design ludique et « régressif » imaginés pour Grand Marnier et remplis d’un très bon cocktail servi à l’envi jusqu’à minuit- c’est non sans rappeler l’assurance d’un Antoine Doisnel qu’il est monté sur un podium  improvisé recevoir le prix des mains de l’incontournable Frédéric Beigbeder.

Nous sommes tous des fascistes!

C’est avec un français châtié qu’il se débarrassa des remerciements « il est d’usage d’en faire » notamment à son éditeur Grasset, représenté par Charles Dantzig qui, placé juste à coté de moi,donne les bons ou mauvais points au fur et à mesure du discours de son jeune auteur.  « Là c’est bien, là c’est moins bien ». En lançant à l’assemblée de pique assiettes et d’intellos en quête perpétuelle de reconnaissance: « Nous sommes tous des fascistes », il est vrai que cela a un peu dérapé… Au point que Beigbeder dut détendre l’atmosphère en lançant: « bon, le prix est annulé! ». Ma voisine- péruvienne et donc connaissant de vrais fascistes me demanda si « c’était toujours comme ça en France ». Heureusement, le très bon champagne Roederer, partenaire de la soirée coulant à flot -276 bouteilles quand même- les invités se remirent rapidement de la saillie pour foncer sur les huitres, le foie gras et un buffet plus qu’honorable qui avait attiré bon nombre de personnes non invitées. Tel ce Monsieur très élégant -le seul à porter cravate- qui m’expliqua, que n’ayant point de carton, il fallait avoir l’allure. D’anciens lauréats comme Boris Bergmann en 2007 (prix de Flore des lycéens-aujourd’hui disparu) racontait pour leur part que « grâce à son prix, il avait pu profiter de filles nues et d’alcool gratuit! ».

Un verre de vin chaque jour gratuit

Le Flore transformé en boite de nuit, les jeunes femmes restèrent toutefois habillées, la plupart perchées sur des stilletos pour frayer entre Nathalie Rikyel, Florence Aubenas,  Elizabeth Tchoungui ou Frigide Barjot, toujours en croisade avec en renfort pour l’occasion, un bébé lapin baptisé Jésus. Mais alors cet auteur qu’a t-il gagné? 6 000 euros et le droit de venir boire un verre de Pouilly blanc chaque jour pendant un an au Flore. Et s’il préfère le vin rouge tant pis pour lui -impossible de changer comme me l’a confirmé Frédéric Beigbeger assurant que c’est une bonne chose vu que  « le vin rouge rend les dents violettes… ». En attendant, le livre de Marien Defalvard est vraiment bien écrit, jugez plutôt: «Jusqu’à quatorze ans, je n’avais éprouvé aucun sentiment de ce genre, et m’en portais très bien : j’avais cajolé la tendresse, le copinage, l’amitié, pas l’amour. Et puis ce nom trop enveloppant, ce tissu pour chat sur canapé. Je me souviendrais toujours de la première fois que j’ai dit « je t’aime » (je ne me souviens pas, encore heureux), les mots n’étaient pas de moi, on m’avait forcé à les dire, j’avais la bouche pleine de guillemets.» Alors, direction vos librairies !

LM

Le président du jury et le lauréat, Marien Defalvard

Frigide Barjot avec Jesus dans ses mains et votre envoyée spéciale…

Le café Flore transformé en boite de nuit-ça n’arrive qu’une fois dans l’année!

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