31 mai 2013
Nelson Mandela ou la guerre des buffets

Icône de la lutte contre l’apartheid, Nelson Mandela a été élevé au rang de citoyen d’honneur de la ville de Paris. Trop âgé pour faire le voyage, c’est son petit-fils, Luvuyo Hlanganani Mandela, qui est venu recevoir le diplôme à l’issue du vernissage de l’exposition « Nelson Mandela, de prisonnier à président », qui se tient jusqu’au 6 juillet à l’Hôtel de Ville, la première en France à retracer le parcours de Nelson Mandela au moyen d’archives permettant de se replonger dans une époque pas si lointaine où la discrimination raciale était en vigueur en Afrique du Sud, et soutenue par plusieurs grandes nations, dont la Grande-Bretagne de Margaret Thatcher, comme a tenu à le rappeler Laurent Fabius au cours de la cérémonie. Mais pour y accéder, il fallait montrer patte blanche, et s’armer de patience, si par malheur l’on avait oublié son carton. Ni à jour, ni par ordre alphabétique, les listes des invités n’étaient à l’évidence pas destinées à être consultées par les hôtesses chargées de l’accueil aux côtés de quelques policiers en charge de la sécurité, présence de personnalités politiques oblige – grâces soient rendues au téléphone portable.

Au centre des salons d’honneur, Bertrand Delanoë commence à peine à prendre la parole que déjà s’affairent les maîtres d’hôtel pour le cocktail. Laurent Fabius affiche une mine concentrée tandis que Yamina Benguigui, lunettes fumées et talons aiguilles. L’œil avisé aura profité des déclarations officielles et de son oreille distraite pour repérer la disposition des buffets. L’animatrice aura beau tenter de ramener l’attention de l’assistance vers les chanteuses du Basadi Women of Jazz, le service déjà commencé exerce une attraction plus forte. Les officiels s’éclipsent alors pour laisser le champagne médiocre et les petits fours froids aux courtisans. Après les bonnes paroles, la loi de la nature peut à nouveau triompher. La guerre des macarons – industriels certes, mais aux saveurs variées rappelant furieusement ceux de Gérard Mulot – étant terminés, vient le temps de la dispersion et de l’indigestion.

GL

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