12 août 2012
Les écrivains à la plage

De juillet à fin août de nombreux salons du livre ou manifestations littéraires fleurissent les côtes normandes, bretonnes et le sud de la France. Dans les terres ou en bord de mer, les écrivains invités foulent du pied le sable ou la poussière et lèvent les yeux pour demander le prénom de l’heureuse (heureux) signataire. J’ai eu la chance cet été d’aller signer mes trois romans à Port Leucate (Les auteurs à la plage), l’Ile de Ré (L’Ile aux livres), Cabourg (Lire à Balbec), et les Nocturnes Littéraires (Saint-Tropez, Marines de Cogolin et Bormes-les-Mimosas). A la descente de l’avion, à Perpignan, le 1er aout, m’attend Nathalie Chappert-Gaujal, conseillère municipale de la ville de Leucate et organisatrice de la belle manifestation « Les auteurs à la plage » qui a accueilli cet été, entre autres, Grégoire Delacourt (« La liste de mes envies » JC Lattès) et Alexis Jenni (« L’art français de la guerre », Prix Goncourt 2011). Fenêtre de la voiture ouverte qui nous emmène au bord de mer déjeuner au Biquet, air chaud à l’extérieur, je regarde du coin de l’œil cette belle blonde, vive et chaleureuse, qui a succombé au charme de Grégoire Delacourt venu en juillet. Au détour d’un chemin de poussière blanche, le Biquet se dresse sur le sable, face à la mer. Au déjeuner, c’est à mon tour de tomber sous le charme de Chabname Zariâ, auteur du « Pianiste Afghan » Editions de l’Aube qui a reçu le Prix Méditerranée des lycéens 2012 et avec qui je vais présenter en fin de journée à Port Leucate mon dernier roman « Au pays des kangourous » Don Quichotte. Avec Chabname, nous passerons l’après-midi sur la plage, allongés sur des transats, à regarder la mer où j’irais me baigner plusieurs fois. Chab a oublié son maillot de bain. C’est bête. Elle posera sous l’objectif de mon i Pad, telle une vamp sur un hamac, avant que nous filions sur le port où nous attendent des vacanciers ravis visiblement d’être distraits par des auteurs. Le contact est chaleureux, la peau mate, et le bras tendu avec un livre à dédicacer. Je suis assis à côté d’André Bonet, président du Centre Méditerranéen de Littérature, venu dédicacer son dernier livre « Sainte Rita » (Éditions Nouvelle Cité). Nous sommes tous concentrés sur la page blanche, à écrire quelques mots pour celle ou celui qui attendent d’être à l’écart pour les lire et nous sourire ensuite avant de s’éloigner. Le soir un diner nous attend sur une autre plage, la lune est ronde, elle éclaire la mer d’un faisceau de lumière. Je déguste des couteaux de mer, des oursins et une lotte aux piments avant de passer la nuit dans une maison d’hôte à Leucate, une belle chambre vaste prisée par les australiens et les américains qui viennent souvent y dormir. Deux jours plus tard, je prends un train, destination la Rochelle. Joschi Guitton et Stéphane Guillot, les organisateurs du salon du livre de l’Ile de Ré nous accueillent à la gare. Nous sommes près d’une centaine d’auteurs à venir cet été. Deux jours pleins de signatures, débats, conférences, dans une ambiance festive et chaleureuse. Patrick Poivre d’Arvor et Madeleine Chapsal sont les parrains depuis quatre ans. Cette année, Charles Aznavour est l’invité d’honneur. Un car bondé nous dépose à Bois Plage où nous laisserons nos valises, avant de déguster une tarte aux pommes dans la salle V.I.P. des auteurs où je retrouve avec joie Harold Cobert « Dieu surfe au pays basque » EHO. Les deux journées sur place vont filer à la vitesse lumière. Les lecteurs et lectrices sont curieux et veulent tout savoir. Comment viens l’écriture ? Plutôt le matin ou la nuit ? Pourquoi faire parler un enfant de neuf ans ? Je leur demande également s’ils sont en vacances ou de l’Ile de Ré. La plupart habitent la région, Saint Martin, Ars, La Couarde-sur-mer. Ils craignent le mois de janvier, rude hiver des bords de mer auquel on ne pense pas l’été. De longues barrières enferment les lecteurs de Charles Aznavour, d’autres s’en échappent pour prendre des photos avec le portable. Je suis juste devant. J’en profite pour quitter le salon deux bonnes heures et prendre un café comme un touriste sur une petite place charmante que j’ai repéré en quittant l’hôtel Océan le matin même. Le lundi suivant je pars de Paris en voiture avec mon amie Janine Boissard (« Une vie en plus » Fayard) direction Houlgate où Janine a une maison. Nous y ferons des parties de cartes endiablées avec ses filles Fanny et Marianne, avant de nous présenter le lendemain à 10h00 au casino de Cabourg où nous sommes attendus pour signer nos livres. J’y retrouve le sympathique Adrien Goetz qui vient de recevoir le Prix Cabourg du Roman 2012 « Lire à Balbec » pour son roman « Intrigue » à Venise Grasset. Le public est plutôt âgé, Janine Boissard signe debout sans s’arrêter. Je récupère quelques adolescentes égarées qui connaissent mon précédent roman « Autobiographie d’une Courgette » Editions J’ai lu et qui sont ravis d’acheter le nouveau. L’une d’entre elle pense que les livres sont gratuits et qu’elle peut partir avec. J’échange un regard avec Janine Boissard et nous lui expliquons gentiment que ce n’est pas possible. Elle s’enfuit sur un « dommage, l’histoire me plaisait bien ». Dès le lendemain, j’arrive par train à Toulon en compagnie d’Akli Tadjer « La meilleure façon de s’aimer » JC Lattès. Les Nocturnes Littéraires, manifestation menée avec brio par Pierre Défendini, consiste à signer nos livres le soir entre 19h00 et 0h00, chaque soir dans un village différent, avec un diner dans un restaurant proche du lieu de signature. Nous passons la journée dans un club nautique Le Neptune, à la Ciotat, au bord de mer. Baignades, confidences entre écrivains, déjeuner au rosé pour certains, coca-light pour moi, l’ambiance est si détendue, qu’on pourrait s’imaginer en vacances. Franchement, n’imaginons rien : on est en vacances ! Je sympathise avec Amandine Cornette de Saint Cyr dont je lirais l’excellent « Les dents de la mère » Plon dans le train du retour, ainsi que la pétulante Christel Noir qui sait vendre son « Confession des anges » Prisma Editions comme personne. D’un sourire enjôleur, elle tend son livre au lecteur qui hésite, et ça marche ! Jamais je ne pourrais le faire. J’attends toujours qu’il ou elle lise la quatrième de couverture avant d’engager la conversation. Je reconnais le froncement de sourcil quand il ou elle découvre dans « Autobiographie d’une Courgette » que l’enfant a tué accidentellement sa mère. Si la lecture se poursuit j’ai mes chances… A Saint-Tropez, nous arrivons par bateau. Je retrouve une amie de Facebook, Marie-Claude Gay « La passion Inès » Presses de la Cité, qui vit à Brive, chaleureuse et fidèle, que j’ai connue grâce à Grégoire Delacourt. Peu de lecteurs sur la place des Lices. Quelques femmes élégantes, très bronzées, lunettes noires et chapeaux. La discrète Corinne Royer vient m’offrir son livre dédicacé « La vie contrariée de Louise » EHO. Aux marines de Cogolin, sur le port, Richard Bohringer attire les foules (« C’est beau une ville la nuit » Flammarion). Je vends peu de livres, mais j’apprécie la vue sur les bateaux au loin. C’est à Bormes-les-Mimosas, le dernier soir, dans une ruelle en pente, assis à côté de mon ami Philippe Grimbert, que les lecteurs seront au rendez-vous. Je n’aurais pas le temps ce soir-là de prendre comme à mon habitude de photo avec mon i Pad. Je quitterais à regret ces vacances d’écrivain au petit matin ensoleillé, sans auteur à mes côtés dans le train du retour, et regardant avec une certaine nostalgie sur le trajet toutes les belles photos prises entre Port Leucate et Bormes-Les-Mimosas.

 

Par Gilles Paris

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