3 février 2013
La justice qu’ils disent

« Pour Typhaine, on demande la perpétuité ». La justice quoi, que les coupables payent! Nicolas Willot, le beau-père et Anne-Sophie Faucheur, la mère, en ont pris pour trente ans, condamnés pour homicide volontaire sur cette petite fille de 4 ans et demi, ce qu’avait réclamé l’avocat général, Luc Frémiot. Ils ont choisi ce week-end de ne pas faire appel, pour ne pas imposer un nouveau procès à la famille. Après le crime, le sacrifice. Pourtant on a oublié dans ce procès le principal coupable, l’indifférence et les dysfonctionnements d’une société toujours prompte à juger les hommes -enfin il aura fallu attendre deux ans pour que le procès arrive…- sans pour autant se regarder en face.

Personne n’a rien vu

Six mois durant, Typhaine a été déscolarisée sans que l’inspection académique ne s’en inquiète. C’était pourtant le seul lien avec l’extérieur pour la fillette dont le père qui arbora au procès un T shirt à son effigie semble n’avoir rien fait ni vu six mois durant, tout comme cette famille, ces proches arborant aujourd’hui le même T shirt qui ne se sont pas non plus inquiétés … Ainsi, le compte-rendu du procès n’explique- t’il  à aucun moment comment une enfant peut être enlevée en France en l’absence d’un jugement de garde et être livrée à sa mère et son beau-père la moitié d’une année scolaire. Kidnappée au regard de tous.

Ni vu venir

Une mère qui a été battue par son père -lui même aussi par le sien-  et qui n’a sans doute jamais reçu aucune aide, aucune écoute. Il existe en France un permis pour chasser, pour conduire, mais pour être mère, rien. Même quand cela arrive à 16 ans puis à nouveau à 17 ans. Le terreau idéal, non? Les sages-femmes, le personnel hospitalier n’auraient-ils pas dû être appelés à la barre si ce procès devait juger les vrais coupables? A la place, on a eu un avocat d’Enfance et Partage qui a lancé, à propos de cette mère infanticide, « le mal absolu, c’est elle » et l’avocat général de conclure « belle oeuvre, Madame Faucheur » ou « j’espère que vous vous êtes vue dans son regard ».

Frappez, il n’y a rien à voir

« Ne reste -t’il que le cri de la haine », écrivait Victor Hugo… Notre justice n’a en rien changé depuis les Misérables, sauf qu’aujourd’hui on ne coupe plus les têtes. Quant à la perpétuité, sans doute les proches de Typhaine l’ont-ils aussi prise eux-mêmes, conscients ou inconscients d’avoir été des complices bien passifs à ce drame. Quant aux services sociaux, ils ont été à Maubeuge bien mieux traités qu’au Mans où en juin 2012, ce sont tous les professionnels de l’aide à l’enfance (plus le parquet de la Sarthe qui avait classé sans suite)  qui avaient été montrés du doigt dans la mort de Marina, 8 ans, sous les coups de ses parents, dont la mère avait tout d’abord accouché sous X- de quoi alerter les service sociaux. Au lieu de cela, malgré les appels de la grand-mère au 119, les absences répétées,  les signalements des enseignants, on avait rendu après cinq semaines d’hospitalisation l’enfant martyr à ses parents jusqu’au coup de trop. A l’époque, l’assistante sociale chargée de la suivre n’avait pas émis de regret, ajoutant que cela n’avait pas remis en cause les méthodes de travail dans son service. Alors la perpétuité? Assurément, mais pour ces enfants. Le reste n’est qu’une parodie de justice.

Par Laetitia Monsacré

Marina dont le père disait qu’elle avait une maladie rare pour expliquer ses coquards…

 

 

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