18 janvier 2013
Jamais sans mon livre

Près de 500 livres sont sortis pour cette deuxième rentrée littéraire de janvier, alors que les 650 de septembre ne sont toujours pas digérés…Et que les ventes de livres sont en baisse avec des libraires qui tentent de survivre face à la chute du volume, la multiplication des titres et la concurrence proche du dumping d’Amazon. Bref, la situation du livre est rude, heureusement protégée par le prix unique et la TVA à 5,5% mais seulement jusqu’à avril où elle passera à 7%. Déjà que beaucoup de lecteurs le trouvent trop cher; quant à savoir où les ranger si on est un gros consommateur…En ce mois de janvier, les maisons d’édition affûtent leurs programmes avec une visibilité jusqu’en avril. Vous aurez donc d’ici là l’occasion de fêter comme il se doit le dixième anniversaire de la disparition de la grande Françoise Giroud avec un inédit chez Gallimard, Histoire d’une femme libre, manuscrit que l’on croyait perdu et qu’Alix de Saint André a débusqué dans un carton à l’Institut Mémoire des Archives Contemporaines. L’occasion de retrouver la superbe plume de celle qui fut sans doute la plus grande journaliste du XX ème siècle, une femme libre à défaut d’être heureuse et où elle revient sur ce « jour où j’ai voulu abréger ma vie pour sortir de ce camp de concentration où je m’étais enfermée, et dont je ne trouvais pas l’issue. »

La grande Françoise Giroud

Un texte fort, magnifique qui sort en même temps que la réédition du merveilleux Françoise Giroud vous présente tout Paris, galerie de portraits à l’écriture brillante-de quoi donner une leçon à tous les scribouillards se réclamant du journalisme…Alix de Saint André rend aussi hommage avec sa plume vive et enlevée à la grande dame du journalisme qu’elle a rencontrée en 1987, dans son roman Garde tes larmes pour plus tard, se mettant en scène comme une Sherlock aidée par une détective nommée Caroline (comme Eliacheff, la fille de Françoise Giroud) Watson…Emmanuèle Bernheim évoque, elle, l’euthanasie de son père dans Tout s’est bien passé, Marie Nimier devient un homme qui entend trop bien dans Je suis un homme, Catherine Cusset raconte le voyage de quatre <français en Inde dans Indigo et David Foekinos suit un un homme victime de mal de dos dans  Je vais mieux.

Chacun ses guerres

En février, c’est toujours dans la collection blanche que Camille Laurens revient avec un essai Encore et Jamais sur la répétition dans les oeuvres d’art et la vie, Jérôme Garcin sur un jeune poète mort en 1914 avec Bleus horizons. Nouveaux livres de Marie Ndiaye, Eric Fottorino, Philippe Labro, Tonino Benaquista, un inédit d’Hervé Guibert  ou Amos Oz prévu également pour mars. Chez Albin Michel, Eric-Emmanuel Schmitt signe un nouveau roman, Un homme trop facile, tout comme Didier Van Cauwelaert avec La femme de nos vies, et Stephen King avec un titre énigmatique 22/11/63 ; Park Avenue, un thriller au vitriol de Cristina Alger est annoncé comme le nouveau Bûcher des vanités du XXIème siècle…Chez Fayard, la peinture est à l’honneur avec Renoir vu par son petit fils, Jacques ou Manet sous la plume de Frédéric Vitoux, Voir Manet. Le journaliste Aymeric Caron signe un essai sur la viande et ceux qui ont arrêté d’en manger-No steak. Les éditions Stock continuent elles,  de donner leur chance à de nouveaux auteurs comme Sébastien Berlendis Une dernière fois la nuit, Aude Le Corff avec Les arbres voyagent la nuit ou confirmés avec Blandine Le Gallet qui revient avec dix nouvelles, Dix rêves de pierre ou des auteurs étrangers que l’on ne présente plus, Jorge Amado et Joyce Carol Oates. Marie Frayssac signe un essai sur Ma vie chez les milliardaires russes qui promet d’être croustillant et Eric Orsenna signera le dernier opus de son hommage à la grammaire française avec La fabrique des mots.

De l’amour et des morts

Yasmina Reza reste fidèle à Flammarion  avec Heureux les heureux, roman sur l’amour, l’amitié, la famille avec des dialogues inspirés; Philippe Sollers fait sa rentrée avec  des Portraits de femmes et Fanny Taillander, Les confessions d’un monstre promis à un bel avenir. Le prix Nobel de littérature Doris Lessing est à l’honneur avec deux livres, un roman d’amour L’histoire du Général Dan et Mara et Dann tandis que chez Grasset, Joan Didion revient sur la mort de sa fille avec Le bleu de la nuit. Toujours chez Grasset, Pascal Bruckner livre un polar « de bitume » avec La maison des anges et Charles Dantzing pour un essai sur les chefs-d’oeuvre. Philippe Vilain signe lui un roman sur l’infidélité féminine, La femme infidèle, et Tancrède Voituriez sur les pauvres /riches avec L’invention de la pauvreté. Chez Robert Laffont, seront publiés en ce début d’année, un recueil de nouvelles inédites d’Arthur Miller, Enchanté de vous connaître, et Démocratie, roman de Joan Didion sur une riche famille détruite par la soif du pouvoir. Patrick Besson signe deux livres-un essai, un roman chez Fayard qui publie également les essais de Claude Allègre et Jean-François Kahn. Après le Millefeuille de Nelly Kaplan, c’est Julie Wolkenstein avec Adèle et moi, un récit sur son arrière grand-mère Adèle dans le Paris de 1871 que l’on retrouve chez POL en janvier et aux éditions de Minuit, deux auteurs fidèles à cette exigeante et belle maison d’édition, Hélène Lenoir avec La crue en juillet et Yves Rayet, Un notaire peu ordinaire.

Duras et Desproges

Enfin, chez Julliard, Tristane Banon fera l’événement médiatique en février avec son roman Le début de la tyrannie, sur un couple mère/fille tandis que Jean Teulé revient avec un roman historique Fleur de Tonnerre en mars. Chez Plon, Hallyday sera à l’honneur en février avec son autobiographie revu par Amanda Sthers à la plume gracieuse ou encore Andy Warhol, tandis qu’au Seuil, c’est Andreï Makine, le plus français des écrivains russe qui revient avec un beau livre La femme aimée en ce début 2013 tout comme Alain Mabanckou et sa Lumière de la pointe noire ou encore l’humoriste Pierre Desproges dans Tout Desproges, à paraître en avril. En mai, c’est au tour d’Aimée Césaire et un recueil de poésies, après ce mois de janvier, Duras et sa correspondance avec une jeune journaliste italienne-de quoi en savoir plus sur celle qui hante à jamais la littérature française. Des valeurs sûres donc, mais aussi des premiers romans, sachant qu’il sera impossible à chacun de faire un « succès d’édition ». Alors, à vous de lire…

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