3 février 2012
Réjouissez-vous !

Il y avait de la légèreté dans l’air le 30 janvier dernier à l’Odéon. Le pétillant Stéphane Hessel, 94 ans,  a été honoré du prix Mychkine – du nom de ce personnage fondamentalement bon créé par Dostoïevski. Créé par six personnalités européennes, dont le philosophe allemand Peter Sloterdijk, qui a ouvert la soirée, ce nouveau prix culturel salue les « contributions exemplaires à l’instauration d’un climat de générosité ». Pour cette première édition, le comité fondateur a souhaité récompenser « l’humanisme de la fonction d’avocat ». Pour l’occasion, plusieurs représentants du « Tout Paris » culturel avaient fait le déplacement. On pouvait croiser Jean-Claude Carrière ou Agnès B. dans les couloirs; Laure Adler, elle, jouait les maîtresses de cérémonie, dédiée selon elle aux « Princes de l’Esprit »…comme cet ancien résistant déporté à Buchenwald, diplomate et écrivain, rédacteur de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, qui a véritablement enchanté l’assistance. « Nous avons besoin de sensualité » a-t-il lancé, en emboitant un pas de danse avec  Angela Winkler – vue récemment dans le Lulu de Bob Wilson au théâtre de la Ville et dont le récital ponctuait la soirée. Quel plaisir de voir ce combattant assoiffé de vie, qui veut être « un ouvrier pour les autres », réciter goulûment en allemand un long poème d’Hölderlin, suivi du Pont Mirabeau d’Apollinaire. Ce qui ne l’a pas empêché de profiter de l’hommage que lui a rendu Daniel Cohn-Bendit pour glisser un mot sur la campagne présidentielle d’Europe-Ecologie-Les Verts, dont il est militant. « Il ne faut pas se présenter aux présidentielles, il faut aller vers les législatives ». Egalement présente, Eva Joly, candidate des Verts aux présidentielles, a dû apprécier…
D’autres lauréats ont été récompensés. Le psychiatre italien Gaetano Benedetti a reçu un prix spécial pour ses travaux en faveur du traitement de la schizophrénie. Martin Balluch, philosophe et militant autrichien du droit des animaux, a quant à lui reçu un prix doté de 50 000 euros. Mais c’est bien la jeunesse éternelle de Stéphane Hessel qui a illuminé cette soirée, même si cet homme rare a conclu :« A mon âge, sans doute est-ce le dernier prix que je reçois »

 

Par Joevin Canet

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