29 février 2012
Extrêmement beau

« Si le soleil explosait, on n’en saurait rien durant huit minutes, avant que la lumière ne disparaisse ». Ces huit minutes de sursis sont celles que tente de conserver Oskar Schell, un enfant de 11 ans qui a perdu son père dans les attentats du World Trade Center dans « Extrêmement fort et incroyablement près ». Un titre à rallonge qui n’a rien de séduisant et dont la signification reste au départ incomprise. Mais le film n’a aucun mal à nous ôter les appréhensions le concernant en nous plongeant tête la première –la scène d’entrée est la chute d’un homme dans le vide, supposé plus tard être le père de l’enfant- dans la quête de ce garçon d’une intelligence hors du commun.  En tentant de retrouver la serrure correspondant à la clé découverte dans les affaires de son père, Oskar cherche juste à conserver un petit plus longtemps ce dernier en vie. La trame du scénario tiré du livre de Jonathan Safran Foer est superbement mise en scène par le réalisateur Stephen Daldry –déjà adulé pour le chef d’œuvre Billy Eliot, et plus récemment The Reader.

De son côté, Tom Hanks incarne avec justesse, les tentatives d’un père attentionné qui essaye d’ouvrir son fils au monde par le bais d’énigmes et de devinettes, le forçant à établir un contact avec les autres. Comment ne pas se laisser toucher par le surplus d’amour que dégage cette relation père-fils ? Et des rapports difficiles qui s’en suivent avec sa mère –Sandra Bullock. Face au jeune Oskar –le débutant Thomas Horn, petit roux filiforme aux immenses yeux bleus- obnubilé par le décès de son père, il est difficile de retenir ses larmes quand le « pire jour de sa vie », il entend la voix enrouée de son père sur le répondeur. « Tout va bien se passer, les pompiers arrivent ». Puis, lucide, le message d’adieu. C’est aussi à tous les orphelins du 11 septembre que l’on pense. Ceux qui comme Oskar sont partis à l’école sans la moindre idée du drame qui les attendaient et ont été frappés par la violence de la nouvelle relayée dans les médias. L’histoire de cette famille appose des visages réels sur ceux des victimes anonymes. Manhattan ressemble ici à une succession de tableaux colorés auxquels donne vie en les photographiant Oskar, l’occasion de découvrir des scènes inédites et diverses de la vie new yorkaise. La caméra, elle, accompagne parfaitement l’enfant au point de donner chair à ses émotions. Et d’émouvoir le spectateur avec talent.

 

Par Sarah Vernhes

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