21 novembre 2011

C’est une tradition désormais bien établie. Chaque année, on demande aux membres de l’AROP, l’association des mécènes, petits et grands, de l’Opéra de Paris, d’élire leurs lauréats parmi les membres de l’Atelier Lyrique. Ce vivier, institué en 2005 sous le mandat de Gerard Mortier, et dirigé par Christian Schirm, offre à de jeunes talents de parfaire leur formation d’artiste lyrique, et leurs premiers pas sur la prestigieuse scène de la Bastille, dans des rôles secondaires, en sus des spectacles que l’Atelier donne en région.

Réunis sous la belle coupole du salon Opéra du Grand Hôtel de la rue Scribe, les spectateurs assidus de l’association prêtent ce mardi 22 novembre une oreille attentive au discours du Président, Jean-Louis Beffa, relayé par Monsieur Schirm, remettant au nom des membres de l’AROP le prix à Marianne Crebassa et Alexandre Duhamel. La première a fait sensation  cet été à Montpellier dans La Magicienne d’Halévy, tandis que nous retrouverons le second en janvier prochain à Bastille dans Rigoletto, où il sera le Comte di Ceprano. Les congratulations officielles font rapidement place à un récital, où les lauréats se mêlent aux nouvelles recrues introduites par le directeur. Comme s’ils s’emboîtaient le pas les uns les autres, les gens de presse ont dédaigné l’éblouissement des premiers rangs pour le dernier de cet auditorium improvisé. Mon voisin de gauche déplore l’acoustique défavorable des lieux, dont je ne peux que confirmer la réverbération discrètement excessive. Reste à admirer la sureté du goût Second Empire qui dégouline des murs tapissés de miroir, démultipliant les reflets des vanités mondaines, façon Dame de Shanghai. Le halo qui ceint les interprètes n’empêche cependant nullement d’apprécier les promesses qu’ils recèlent. Et de faire un triomphe  à la Rosine charnue et volubile de mademoiselle Crebassa, brune et élancée dans son élégante robe d’ivoire, qui  sonne de sa voix voluptueuse le glas de la bataille pour les petits fours. Deux buffets devant lesquels chacun s’efforce de rester civilisé, en prenant son tour  dans une file improvisée . De quoi goûter sushis et mousses de foie gras à  la fraîcheur plus certaine qu’une assistance rapidement grisée par le champagne. Après les volutes du chant, retour à la réalité.

Par Gilles Moîné-Charrassier

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