4 décembre 2011

Vendredi dernier, il fallait être au 114, ce bar en noir qui a ouvert il y a pile un mois. Déjà culte. Sa programmation a été confiée à Gunther Love, le champion du monde d’Air Guitar -rappelez-vous ces mimes sur Canal Plus- et dont l’amoureuse n’est autre que Daphné Bürki (et bientôt sa femme, c’est officiel). Laquelle, qui n’est autre que l’ex-chroniqueuse de Canal+ et actuelle présentatrice des Maternelles sur France 5, s’implique pas mal dans le choix des artistes… Ce couple déluré est d’ailleurs l’atout principal de ce nouveau lieu parisien : deux personnalités bien trempées qui savent prendre des risques -il suffit de se fier à leur tenue. Des risques certes mesurés et « testés avant achat », mais des risques quand même avec des artistes invités encore peu connus. Question de flair? Vendredi, en tous cas,  ils accueillaient un artiste électro-rock émergent, Mr Nô. Un nouveau talent auvergnat -après Cocoon, The Elderberries, Mustang- qui sort du lot parfois déroutant voire psychédélique de l’univers électro. Avec lui, les beats sont démocratiques, car ils s’écoutent et se dansent. Mr Nô – Benoît pour les intimes – adoucit le « boum-boum » par une influence rock empruntée aux années 70-80. Et ajoute ce « je ne sais quoi » qu’il envoie sur les platines avec des gestes tantôt nonchalants, tantôt volcaniques. Les rythmes font monter la pression à rendre fou furieux. Des palpitations envahissent petit à petit le corps, comme on affolerait les bulles d’une bouteille de soda gazeux trop secouée. Le cœur tamponne le thorax, puis la tête se secoue machinalement. Mr. Nô transmet de la puissance et soudain apaise avec des beats mélodieux. Un ascenseur sensoriel euphorisant, électrique. Les amoureux emblématiques du lieu ont d’ailleurs chauffé la piste toute la soirée et l’ambiance était franchement simple. S’ils programment, ils attendent en effet de voir le résultat avant toute critique. Mais là nô comment, mais beaucoup, beaucoup de cris, de rires, de bras élevés comme pour en appeler aux forces cosmiques.
Pour les autres visiteurs de ce lieu sobre, pas d’exhibitionnisme ni de gens tirés à quatre épingles. Ici on a l’impression que tout le monde se connaît, d’abord parce que tout le monde se connaît, puis parce qu’il suffit d’une soirée pour connaître tout le monde. Les trentenaires sont décomplexés, souriants et se lâchent. Quelques bruits ont laissé entendre que le lieu était éphémère, ce qui ajoute à son charme. On en retiendra en tous cas la devise « Du rock dans ta rue, avec les copines de ta sœur, et du mouvement dans tes cheveux, au rythme des riffs de guitares! Avec de la bonne musique, des lives, des copains, et des canapés mieux que dans Friends !»

Par Émilie Tran Nguyen

 

Le 114 – 114 rue Oberkampf, 75011 Paris

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