5 février 2016
Assange au balcon

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Si l’avant première de Zoolander II a attiré dès jeudi après-midi sur Leicester Square des centaines de bras armés de smartphones désormais plus efficients que le cerveau atrophié de leur propriétaire, c’est dans le quartier très chic de Knighsbridge, juste derrière Harrods que ce vendredi, un homme a monopolisé les médias du monde entier et une poignée d’activistes qui ne l’avaient pas vu apparaitre au balcon de l’Ambassade de l’Equateur depuis plus de deux ans. Vêtu d’une veste sombre bien loin de celles vendues sur Savile road, une cravate un peu lâche, un jean et des rangers, Julian Assange, 44 ans,  est apparu à 16 heures précises, avec une sérénité digne d’un moine tibétain. A la main, tel un trophée, le rapport de l’ONU qui a jugé « arbitraire » sa détention et demandé sa libération, mais qui, a- t’il ajouté dans son discours de dix minutes, « ne change rien ».

Depuis juin 2012, le voilà ainsi condamné à se terrer dans les 20 mètres carrés mis à sa disposition dans l’appartement qui sert d’Ambassade à l’Equateur- il ne s’agit même pas d’un hôtel particulier- avec comme le rappelle ses défenseurs, 20 minutes à l’air pur en 1000 jours. « Je suis fort, je peux tenir mais de quel droit un gouvernement peut-il priver mes enfants de leur père pendant cinq ans et demi? » Quelques applaudissements, beaucoup de flashs, une forêt de micros et Julian Assange, le visage impassible et bien plus marqué que les quarantenaires que l’on croise dans la City s’en retourne dans ce qui est devenu sa coûteuse prison- l’Etat britannique dépenserait 10 000 £ par jour en frais de surveillance-  sans jamais avoir pu être entendu dans cette histoire de viol qui lui est reproché par la police suédoise, laquelle n’a jamais accepté de se déplacer pour venir l’entendre en Angleterre.

La porte vitrée refermée, les badauds se dispersent, les taxis chargent les cameramen entre les clients qui s’engouffrent chez Harrods. Ce vendredi 5 février, Julian Assange a eu le droit à dix minutes sous le crachin londonien,  et ce soir comme depuis 550 jours, il passera une nouvelle nuit enfermé pour avoir eu le courage de défier les Etats-Unis, définitivement moins chanceux qu’Edward Snowden.

LM

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