21 mars 2013
Un conte de fées moderne

Treize semaines maintenant qu’il est à l’affiche du cinéma Saint-Germain-des-Prés et le cap des 100 000 spectateurs passé cette semaine . Voilà pour le public qui lui a aussi décerné le grand prix au Festival de Sundance; quant aux professionnels, avec le prix du jury à ce même festival mythique, le prix du meilleur documentaire à Toronto et en Angleterre, eh bien c’est Hollywood qui a également offert l’Oscar du meilleur documentaire à ce bijou qu’est Sugar Man. Sur le papier, l’histoire d’un chanteur du nom de Rodriguez qui aurait dû être un second Bob Dylan dans les années 70 -même mieux encore  » Dylan était léger à côté de lui »  d’après un des producteurs américains, et qui sera demeuré désespérément inconnu. Un Mozart assassiné quoi… Sauf que, outre une bande son qui vous prend aux tripes dès le début du film, l’enquête que livre le documentaire montre que ce type a été une véritable icône révolutionnaire en Afrique du Sud alors gangrénée par l’apartheid et coupée du reste du monde par les embargos imposés à son gouvernement. Espagnol, ses chansons sont devenues à la faveur d’une jeune fille qui avait apporté dans son sac un vinyle, les tubes de toute une génération de jeunes Afrikaners en lutte contre l’establishment, « la BO de notre vie », avec la censure qui s’ensuivit. Dans les archives du Cap, ses disques étaient ainsi rayés volontairement sur les pistes jugées subversives- de la bonne censure à l’ancienne. Plus connu qu’Elvis là-bas, lui qui avait vendu six disques aux Etats-Unis ne saura rien; d’ailleurs on le prétendra mort, s’étant immolé en bon artiste maudit qu’il était aux USA devant son public, un soir de concert qui tourne mal. Sauf, que les miracles existent même dans la vraie vie. Ce sage , tel un prophète qui s’ignorait reviendra 28 ans plus tard là où il est un héros, en Afrique du Sud, dix fois disque d’or; « Merci de me garder en vie », lancera-t’il parfaitement tranquille à la foule, qui « l’a fait sentir comme un prince ». Puis il rentrera à Detroit, « cette ville qui vous dit de ne pas trop rêver », dans la même maison, acceptant la richesse uniquement à l’intérieur de lui même. Respect

AW

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