Rake, c’est en anglais « le débauché ». Autant dire qu’Olivier Py était le metteur en scène idoine, coutumier qu’il est des personnages « on the edge » pour mettre en scène la descente aux enfers de cet homme pour lequel tout s’annonçait pourtant bien. Aimé d’une jolie jeune fille, l’opéra commence au milieu de grands voilages blancs qui volent au vent grâce à des ventilateurs géants dans un tableau vivant qui ressemble à un écran en 16/9. Mais le démon, Nick Shadow veille tout de noir vêtu, observant de sa chaise: « tout n’est-il pas prédestiné » dans nos pauvres vies? Il convient donc de s’en remettre à la fortune; « Je voudrais tellement être riche » s’écrit Tom Rakewell.
Son voeu sera exaucé, le plongeant dans la luxure ce qui, sur la scène de Garnier donne des impressions de Crazy Horse avec des filles en lingerie noir, tenant cravaches, mimant l’acte sexuel, un homme se branlant, un autre nu, plusieurs sur une même femme aux seins nus…Dans le public, on ne bronchait pas, sans doute en avait-on vu d’autre. Reste que de nombreux fauteuils à l’orchestre sont restés vides-l’occasion si vous faites la queue d’avoir les places à 25 euros- avec cette impression que si Olivier Py a choisi le noir et blanc pour sa mise en scène-une référence à Coco Chanel qui fut la protectrice du compositeur?-il y avait en effet du pire comme du meilleur ce soir là.
Le meilleur? La direction d’orchestre de Jeffrey Tate, la voix magnifique de Ekaterina Siurina qui interprète avec bonheur Ann Trulove ainsi que certains tableaux d’une beauté hallucinante comme ces roues en néon blancs. Le pire? Baba la russe, devenu un homme obèse ou le recours à des femmes aux seins nus à tout bout de champ au point que la lassitude s’installe tandis que la musique de Stravinski n’est pas toujours très captivante. Alors on décroche en se demandant quand cela va-t’il finir ce qui n’est jamais très bon signe…
LM
The Rake’s Progress d’Igor Stavinski-Opéra Garnier jusqu’au 30 octobre