18 septembre 2018
Mademoiselle de Joncquières, quand femme se venge

« L’amour mêlé à la chair devient aussi fragile que celle-ci ». Veuve encore jeune et belle, la Marquise de la Pommeraye est sur ses gardes face à la cour pressante que lui fait le Marquis des Arcis, à la réputation d’un Valmont. Elle finira pourtant par « s’abandonner » à celui qui lui jure qu’il a changé, le regrettera bien sûr et en bonne féministe avant l’heure, s’emploiera à le corriger. C’est toute l’intelligence de Diderot que l’on retrouve dans les dialogues incisifs du dernier film d’Emmanuel Mouret, jusqu’alors confiné aux marivaudages modernes. Le voilà qui s’attaque avec un talent certain au XVIIIème siècle avec des costumes éblouissants, une image léchée et des acteurs parfaitement crédibles: Cécile de France irradie en jouant cette femme blessée ourdissant sa vengeance en orfèvre, Edouard Baer prête sa nonchalance avec bonheur à cet homme qui « ne séduit pas mais est séduit » par le sexe dit faible incarnée par la jeune Alice Isaac,  jeune dévote employée à le châtier. « Vos jamais ne durent jamais plus longtemps que vos toujours », le texte de Diderot achève de confirmer la modernité de son propos dans ce régal de film tout en finesse comme lorsque qu’ un arbre symbolise le temps qui passe. Et l’amour qui s’use, un mal qui n’appartient à aucun siècle…

AW

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