3 mars 2023
La dépression sur grand écran

Dans les sorties de cette semaine, deux réalisateurs, Sam Mendès et Florian Zeller, donnent à voir les troubles psychiques et leurs effets sur leurs personnages de façon bien différentes. Le premier, après American Beauty où le thème du mal être était déjà abordé, a choisi les années Thatcher pour y revenir, avec Empire of the light, un film à la gloire d’une salle de cinéma britannique, l’Empire, et de l’effet guérisseur de découvrir sur grand écran, des fictions qui permettent d’échapper à la vie réelle. En l’occurrence, celle de Hilary, formidable Olivia Coldman, femme hypersensible et borderline inspirée par la propre mère de Sam Mendès, qui enchaîne les séjours en hôpital psychiatrique et le train train de son travail de gérante d’une salle de cinéma vintage, entre vente de pop corn et comptabilisation des entrées. Son patron, joué par Colin Firth, la convoque régulièrement dans son bureau pour jouir d’elle, tandis que les autres employés du cinéma lui offrent bienveillance et l’occasion de sortir de sa solitude. Nouveau venu, Stephen, jeune noir, saura la séduire par sa fraîcheur mais également prendre conscience du racisme louvoyant dans les classes populaires, en proie au chômage.

The son, un adolescent en détresse

L’univers choisi par Florian Zeller est bien différent; un père, Hugh Jackman,  affichant une réussite sociale assumé dans un New York contemporain, a quitté sa précédente femme et la mère – très touchante Laura Dern- de leur fils, Nicolas, adolescent en perte de repères, pour refaire sa vie avec une femme plus jeune et leur nouveau-né, un deuxième fils. Converti à la méritocratie par son père, politicien implacable joué par Anthony Hopkins que l’on retrouve après The Father, lors d’un court affrontement entre père et fils, celui-ci reproduit, malgré la cinquantaine et sans en avoir conscience, l’éducation stricte qu’il a reçue,  la culpabilité en plus, d’avoir déchiré la carte postale familiale de sa première union. Lorsque son fils décide de venir vivre avec lui, l’intrigue va doucement conduire à une issue fatale, à renfort d’une musique lancinante et omniprésente qui s’ajoute à des dialogues creux que, seul le talent des acteurs parvient à sauver, dans une mise en scène multipliant les facilités. Bref, une fois de plus, au théâtre comme au cinéma, le roi- Florian Zeller- est nu, confirmant qu’il ne suffit pas de traverser l’Atlantique pour gagner en talent. Et que si sa pièce, Le père, a obtenu l’Oscar de l’adaptation, co-signée avec le scénariste britannique Christopher Hampton, et celui du Meilleur Acteur pour Anthony Hopkins, c’est à la prestation magistrale de ce dernier et d’Olivia Coleman (encore elle), qu’il les doit. Pour meilleur preuve, The son n’est nommé dans aucune catégorie des Oscars qui seront remis le 12 mars cette année.

LM

 

 

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