9 décembre 2018
Au TCE, Une Traviata est née

Une ovation, l’émotion dans la voix des privilégiés qui viennent la saluer en coulisse, Vannina Santoni a enflammé le Théâtre des Champs Elysées comme rarement. Imaginez, une prise de rôle ô combien virtuose pour une quasi inconnue; sa musicalité parfaite en italien, on l’imagine romaine ou milanaise. Eh bien, non, ce petit bout de femme de 32 ans est française et semble ne pas très bien réaliser ce qui lui arrive. On appelle ça la rencontre avec son public et une metteur en scène, Déborah Warner qui a été son pygmalion de génie; le lumières de Pierre Kalman caresse sa silhouette gracieuse, un blond platine d’une Traviata mûre et sensuelle à souhait. Son double- spectre de la phtisie qui va l’emporter- rôde dans un décor d’hôpital où, au début de l’opéra, Violetta s’en grille une. Benoit Jacquot peut repasser avec sa mise en scène classique, morne et plate à l’Opéra Bastille. C’est pied nus, en robe rouge carmin que le personnage imaginé par Alexandre Dumas fils séduit par sa joie de vivre et sa voix pleine de couleurs, tantôt puissante tantôt veloutée auxquelles s’ajoute un jeu incarné de séductrice puis de patiente en phase terminale dans un lit médicalisé au dernier acte-son« Addio del Passato » en aura fait pleurer plus d’un dans cette salle ô combien bourgeoise  et où un sonotone sifflant gâcha malheureusement l’agonie de Violetta pour plusieurs spectateurs. Laurent Naouri est tout autant exceptionnel de maîtrise vocal en père inquiet d’Alfredo qui demande à cette amoureuse qui n’est pas sans évoquer Romy Schneider, de se sacrifier- leur duo est somptueux. « Dieu m’ a guidé, Dieu m’a entendu », le livret est mystique, voire féministe « Il ne mérite que mépris celui qui dans la colère offense une femme » servi par un orchestre au cordeau mené par le taulier du TCE, le jeune Jérémie Rhorer qui a choisi de reprendre le diapason verdien d’origine; Samir Pirgu achève le plateau en incarnant Alfredo avec une belle générosité et une fougue dans cette Traviata qui est une des plus belles surprises de l’année. Bravissimo!

Par Laetitia Monsacré

La Traviata, de Verdi au Théâtre des Champs Elysées jusqu’au 9 décembre 2018, à retrouver le 16 décembre à 20h30 sur France Musique

 

 

 

 

A écouter sans fin, le chant du cygne de la Traviata 

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