20 avril 2013
Yasmina Reza/ En quête de spiritualité

Un couple en crise, un autre dont le fils se prend pour Céline Dion, des amants et des maîtresses, un cancérologue et son patient … Plusieurs personnages qui se rencontrent, des histoires qui se mêlent les unes aux autres, sur les thèmes de l’amour, la mort, la maladie, la vieillesse avec toujours une préoccupation essentielle pour chacun de ces êtres : la quête d’un certain bonheur dans leur vie  malgré les nombreuses fêlures qu’elle peut leur apporter.

Dans son dernier ouvrage Heureux les heureux , Yasmina Reza dévoile avec  une émotion subtile, qu’elle agrémente d’une petite dose d’humour, une galerie de personnages brisés par l’existence, incapables d’être heureux et explore leurs fragilités humaines. Chaque chapitre évoque l’un d’eux,  sous la forme d’un monologue et révèle une part de leur personnalité, ainsi que des liens qui les unissent. Minés par leur destin et une solitude extrême, ils recherchent une sorte de spiritualité qui pourrait les « sauver ». Car à travers le lot de leur vie quotidienne, loin d’être simple et des tourments qu’ils doivent endurer, c’est face à un certain isolement qu’ils doivent lutter.

Se cogner à la vie

Ainsi tandis que Robert et Odile Toscano se battent contre le délitement de leur couple et l’impression qu’ils ont de ne plus se comprendre au fil du temps : « Le couple, c’est la chose la plus impénétrable. On ne peut pas comprendre un couple, même quand on en fait partie », Lionel et Pascaline Hutner, eux, font face à la schizophrénie de leur fils qui les force à le mettre en asile psychiatrique. Un fait que par ailleurs ils n’arrivent absolument pas à assumer ni aux yeux du fils à qui ils mentent en lui disant qu’il va rentrer dans une grande  maison de production, ni aux yeux de leurs amis avec qui ils s’enferrent également dans le mensonge. Ils se sentent seuls au monde avec un secret pesant bien lourd. Ernest Blot, quant à lui, est un homme d’âge mûr qui souhaite se faire incinérer mais ne peut s’empêcher de s’interroger sur le devenir du corps et de l’âme, sur l’au-delà et éprouve quelques angoisses à ce sujet, notamment lorsqu’il repense à ce que disait son père là-dessus   : « (…)toute ta vie tu te vantes d’entrer par la grande porte, pour finir on te glisse dans un entrebâillement et on te balance au hasard ». Il essaie toutefois de prendre les choses avec philosophie en se disant que « les choses sont faites pour disparaître ».

Si à première vue, vous vous dites que le sujet de ce roman risque d’être « plombant », rassurez-vous, le style de Yasmina Reza évite tout pathos. C’est  avec un ton assez humoristique, parfois décalé, qu’elle aborde les thèmes marqués par la mélancolie et, arrive avec habileté  à nous  faire sourire de certaines situations comme pour conjurer le sort de leur gravité.

 

                    Par Elise DAVI

Heureux les heureux de Yasmina Reza, publié chez Flammarion, 18 euros

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