19 janvier 2015
Wolinski, mort de rire

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Un jour où je disais à Wolinski que j’étais sa voisine de fenêtre-il habitait en face de moi dans un bel appartement rue Bonaparte-il s’était écrié: « Alors laissez bien les rideaux ouverts quand vous vous déshabillez! ».

C’est sous une pluie fine et les femmes ayant réfugié leurs formes sous des doudounes que cet amateur de havanes a été enterré ce jeudi après-midi. 1934-2014 lisait-on sur le petit panneau à côté de l’urne funéraire, placé au fond d’une vieille concession trouvée forcément en urgence dans le cimetière de Montparnasse. A l’entrée des dizaines de policiers avec des gilets pare-balle et des mitraillettes côtoyaient des photographes et des cameramen chargés de fournir en images les chaînes d’info continue. Luz que tout le monde connait désormais sans le connaitre-un peu comme Charlie Hebdo- était là, empilant son troisième enterrement de la journée. Des anémones furent lancées dans sa dernière demeure comme l’on dit, où Wolin comme l’appelait ses intimes, voyait bien comme épitaphe, ce mot de Cavanna : «Wolinski, on croit qu’il est con parce qu’il fait le con, mais en réalité il est vraiment con.»

Là, face à sa famille, Maryse et ses trois filles dont Elsa avec toujours ce beau visage, à la fois triste et illuminé, on était submergé par l’émotion de se dire que gisait là un type qui, depuis toujours, nous accompagnait. Les dimanches avec le JDD, le mercredis avec Charlie Hebdo et les jeudis avec Paris Matchun des derniers survivants de l’âge d’or d’Hara Kiri et une silhouette si familière de Saint Germain des Près.

Depuis, je n’ai d’ailleurs, de cesse de croire voir celui qui disait, lucide :  «On a fait Mai 68 pour ne pas devenir ce qu’on est devenus.» C’était bien essayé, quand même…

LM

 

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