26 décembre 2012
Wilde : entre grandeur et décadence


« Oscar Wilde  traîna dans les rues de Paris, mourut, fut enterré » dit-il de lui-même. Auteur du célèbre Portrait de Dorian Gray, ou encore de L’importance d’être Constant, celui que on l’on connait pour ses aphorismes jubilatoires, est né en 1854 à Dublin, une époque où il ne faisait pas bon se dresser contre la morale victorienne en vigueur. Le dandy Wilde brilla autant qu’il suscita polémiques et déchainements en raison de sa vie jugée par trop décadente. Flambeur invétéré et abandonné de tous, excepté de Robert Ross, il mourut en 1900, alors âgé de 46 ans dans le dénuement le plus total dans une petite chambre de l’hôtel d’Alsace à Paris, après avoir connu la prison pour son homosexualité. « La moitié de l’humanité ne croit pas en Dieu, l’autre ne croit pas en moi ». C’est cet esprit mordant, à l’ humour ravageur, dont la recherche de la beauté guida toute la vie, que le Théâtre du Lucernaire a choisit de faire revivre dans une pièce de Philippe Honoré.
Un hommage à trois visages

« Les folies sont les seules choses que l’on ne regrette jamais ». La mise en scène de Philippe Person- directeur du Lucernaire-est à la folie que ce que Wilde était à la brillance. « Quand les gens sont d’accord avec moi, j’ai toujours le sentiment que je dois être dans l’erreur»; accueillis par des comédiens venant vous susurrer de douces paroles au creux de l’oreille, le spectacle s’annonce pour le moins original. Faisant fi de la croyance selon laquelle le vert porterait malheur sur scène, les comédiens s’adonnent, trèfle à la main, à quelques pas de danse irlandaise. Anne Priol, Emmanuel Barrouyer, et Pascal Thoreau, trois artistes au talent confirmé de la compagnie Philippe Person, nous embarquent dans une douce folie à un rythme enlevé, retraçant avec fougue tout ce qu’il y a de plus brillant et de plus douloureux dans le parcours de l’écrivain. Construit en une douzaine de tableaux indépendants et sans chronologie linéaire, la pièce se veut fidèle à l’esprit du dandy. Se croisent et s’entremêlent aphorismes, extraits de pièces, lectures de lettres, témoignages d’artistes, propos insolents, dérangeants, et brillants. Les comédiens voltigent d’un personnage à un autre avec virtuosité, adoptant une palette d’émotions et d’états très large- remarquables Anne Priol lors de son interprétation de Salomé, et Emmanuel Barrouyer en avocat impitoyabl). « La vie ne peut être écrite, elle ne peut être que vécue ». Alors allez la vivre une soirée avec Mister Wilde au Lucernaire, vous ne le regretterez pas….

Par Laura Baudier

L’importance d’être Wilde, au Lucernaire-Représentations du mardi au samedi à 20h/dimanche à 15h jusqu’au 6 janvier 2013

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