12 mai 2016
Torsten Kerl et Rachel Nicholls, l’amour selon Wagner

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Consacré désormais comme un sanctuaire du baroque, voguant à l’occasion jusqu’aux rives mozartiennes et du bel canto, le Théâtre des Champs Elysées a relégué Wagner depuis de nombreuses années dans sa – remarquable – programmation de concert. Absent sur la scène de l’avenue Montaigne depuis un Ring réglé par Daniel Mesguish en 1988, le maître de Bayreuth revient avec un Tristan et Isolde conçu par Pierre Audi, bénéficiant d’une fosse qui a retrouvé ses dimensions originelles depuis la dernière campagne de rénovation en 2010. Nous en avons profité pour nous glisser dans les coulisses de la générale et rencontrer pendant les entractes les deux héros éponymes : Torsten Kerl et Rachel Nicholls.

Aura wagnérienne

Le premier est déjà bien connu du public parisien – on se souvient de son Siegfried à Bastille – et a chanté tous les grands ténors wagnériens. Identifié comme un spécialiste de Wagner, il n’en n’a pas moins approché un vaste répertoire, des Troyens de Berlioz au Prophète de Meyerbeer, et à Paul, dans La Ville morte de Korngold, qu’il a chanté 106 fois. Si Lauritz Melchior figure parmi les légendaires tutélaires dans Tristan, Torsten Kerl reconnaît non seulement que « l’on ne chanterai plus ainsi aujourd’hui « , mais surtout qu’  » un chanteur ne se résume pas à un bouton sur lequel on appuie, et doit s’adapter à l’ensemble de ses partenaires. L’opéra est un travail d’équipe, et les changements dans le plateau, à l’image de la défection de Emily Magee, font partie des aléas du métier « .

Au-delà des étiquettes

Si son arrivée au milieu des répétitions put être délicate au premier abord, Rachel Nicholls confie s’être  » progressivement imprégnée de la lecture du metteur en scène, grâce à ses patientes explications, jusqu ‘à une véritable appropriation du personnage « . Connue jusqu’à récemment davantage pour la musique baroque, sa voix a évolué vers un registre beaucoup plus dramatique. Sans refuser tout engagement hors de ce nouveau répertoire, elle se concentre sur ces emplois exigeants et a consacré plus d’une année à préparer Isolde. Quant à l’acoustique, elle rejoint son collègue pour confirmer que « l’acoustique du Théâtre des Champs Elysées, équilibrée et plus intime que des grands vaisseaux comme Bastille, est idéale pour Tristan et Isolde ».

Par Gilles Charlassier

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