15 octobre 2015
Vincent Nguyen, grand voyageur

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Le parcours est sans faute. Des fanzines où il exerça sa plume dès son adolescence au service politique étrangère de France 2- le graal pour tout journaliste « news »- Vincent Nguyen est un quarantenaire comblé. Ne tenant pas en place comme tout ceux qui vivent plus fort que les autres, il a choisi après Envoyé Spécial, Un jour, un destin ou 13h15, le week-end de s’envoler vers d’autres horizons-infinies puisqu’accessibles en bimoteur. Pilote, c’est avec Par avion, un « sky movie » sur les routes de l’Aéropostale diffusé Arte qu’il a combiné ses deux passions-informer et voler- avant de revenir sur Francs 5 cette semaine avec 360@, accompagné de son complice Jean-Sebastien Desbordes-« à deux, ça coûte plus cher, mais c’est tellement plus riche »-pour offrir au téléspectateur des voyages « incarnés ». Une immersion au Brésil ou en Italie où de son salon, l’on est projeté grâce à un procédé technique diablement efficace: une caméra à 360° qui offre sur sa tablette l’impression d’être téléporté à des milliers de km. Prendre de la hauteur en montgolfière, en avion et vivre le moment dans des pays choisis non parce que les deux journalistes les connaissent mais au contraire « par méconnaissance ». De quoi en mettre plein les yeux et les oreilles en écoutant ce curieux de tout.

Comment êtes-vous venu au journalisme?

J’ai fait l’IUT de Tours avec une carrière destinée à la presse écrite régionale. J’y étais entré par le biais du dessin, j’avais un « coup de crayon »comme l’on dit; j’ai participé à un concours de presse lycéenne et je me suis dit « c’est là ma famille ».

Et votre arrivée à la télévision?

Cela s’est fait par le biais de la bourse Jean d’Arcy que j’ai gagné en 1994, à 21 ans; on devait réaliser un JT avec l’écriture des lancements et la présentation sur le fauteuil de Bruno Masure, sans prompteur. J’avais été plutôt mauvais par rapport aux étudiants des grandes écoles de journalisme sur-préparés mais je me suis rattrapé avec le reportage où j’avis choisi de traiter le thème imposé sur les élections européennes à la rédaction de Charlie hebdo, c’était très décalé…

Le prix était l’obtention d’un stage de trois mois à la rédaction de France 2 n’est-ce pas?

Oui, j’ai eu droit au « bizutage » avec Télématin- réveil tous les jours à 3 heures du matin, puis les informations générales avec Benoit Duquesne. Je suis resté au total dix sept ans dans cette rédaction et l’équipe d’Envoyé Spécial où je suis entré à 23 ans. A l’époque, on pouvait y faire des enquêtes de six mois et ne pas faire le sujet si on n’était pas convaincu-un luxe absolu-ou faire des reportages de 52 minutes.

Quel reportage vous a le plus marqué? 

Sans doute un de mes tournages lors de la seconde Intifada à Gaza; les Israéliens racontaient que les Palestiniens utilisaient leurs enfants comme bouclier humain, ce qui était faux: les mères ne savaient juste pas comment les tenir avec des écoles où ils allaient en alternance faute de place et la vie rythmée par les enterrements qui attisait la haine.

Vous avez aimé couvrir les zones de conflits? 

Il y a dans les pays en guerre un surplus d’adrénaline qui vous fait vivre plus fort, c’est certain. On dépasse ses limites comme avec un gros shoot d’amphétamines en repoussant ses limites. Comme je suis rentré en 2001 à la politique étrangère, j’ai eu pas mal de travail entre l’Afghanistan et l’Irak.

Pas facile dès lors de gérer le retour à la vie parisienne…

C’est vrai que le déphasage amène à cultiver une sorte de schizophrénie « volontaire » pour garder son équilibre. On passait souvent au retour par l’aéroport de Dubaï qui était un vrai choc; un condensé à lui tout seul de la société de consommation où on achetait des trucs inutiles et chers pour compenser.

Cela s’accompagne par zéro vie de famille je suppose?

Oui, c’est pour cela que j’ai eu envie de me poser à un moment en accompagnant Laurent Delahousse dans l’aventure d’Un jour, un destin. J’en ai été rédacteur en chef en 2005, en même temps que la naissance de ma fille. C’est à ce moment-là que j’ai recontacté mon ami, à l’époque monteur, Jean-Sebastien Desbordes avec lequel j’avais travaillé sur l’affaire Fourniret en Belgique. On ne s’est plus quitté depuis, l’apport d’un second regard étant une vraie richesse sur un reportage. Je suis en plus assez « old school » avec mon petit Leica et mon calepin qui m’accompagne partout alors que Jean-Sebastien est branché technologie, hashtag et internet.

Comment a débuté votre aventure de 360@ sur France 5?

Etant du genre hyperactif, je suis tombé au gré de mon surf sur internet sur cette technologie qui permettait de filmer en 360°. C’est devenu le coeur de l’émission, l’idée d’emmener le téléspectateur sur place. On a tourné un pilote sur l’ouest américain à Las Vegas, le Grand Canyonpuis le chaîne a dit banco pour cinq numéros.

Vous ne regrettez pas que ce ne soit pas diffusé en prime time?

La programmation a considéré qu’une diffusion à 18heures serait plus idoine; de toutes les façons, le public qui aime les seconds écrans regarde surtout en replay.

Vous avez déjà signé une nouvelle saison? 

Oui, nous partons en Namibie à la fin du mois pour une nouvelle série quinauds mènera en Thaïlande puis Hawaii, avec l’idée de se renouveler à chaque fois pour les séquences 360° et ne pas faire de doublon par rapport au catalogue des documentaires de France 5.   Rendez-vous donc sur la chaîne « d’intérêt  public » pour découvrir le dernier bébé de ce journaliste qui dit « s’ennuyer dès qu’il sait faire ». A suivre donc…

Par Laetitia Monsacré

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