2 décembre 2012
Victime collaterale

Un miracle pour les uns, un enfer pour d’autres. L’intrigue de Operacion E, basée sur des faits réels, nous invite à revenir sur l’affaire Clara Rojas, cette otage  détenue dans la jungle colombienne par les FARCS entre 2002 et 2008, et que l’on sépara de son fils Emmanuel né pendant sa détention. Mais alors que le monde entier attend la libération des otages prévue par le gouvernement Colombien, l’enfant demeure introuvable.

Une question de point de vue

Le film ne se concentre pas sur les conditions de détention des otages, mais sur le parcours d’un paysan, José Crisando à qui les FARCS ont confié, de force, un enfant presque mourant. Il se trouvait là, sur le territoire des forces armées révolutionnaires de la Colombie, son beau-père était guérisseur, il a donc été l’élu d’une aventure dont il se serait bien passé, avançant peu à peu vers un cauchemar qui prend une dimension internationale insoupçonnée à l’origine.

« Qui suis-je ?» est la première phrase du film, prononcée par le cultivateur de coca lorsqu’il est interrogé par la police colombienne. Cette question sur l’identité du personnage est en fait celle qu’a voulu mettre en avant le réalisateur pour rééquilibrer la balance de cette histoire : un homme, pauvre, se retrouve au mauvais endroit et doit servir une cause sous peine de perdre sa famille. Coupable ou innocent ? Crisando n’appartient à aucun camp mais tente simplement de survivre. Comment le juger alors ?

Le constat d’une innocence

Si Operacion E n’est pas un documentaire, il en porte les couleurs. De la jungle à Bogota, le réalisateur a voulu transmettre un récit au plus près de sa vérité, en mettant en avant l’exemple d’une victime de l’organisation politique Colombienne. L’image finale de l’errance d’une famille entière dans les rues d’une capitale à de quoi nous faire penser à tous ces expatriés qui se font expulser de leurs terres sous prétexte d’appartenances, de rachats, de défrichages, et qui finissent par n’être personne, nulle part. Poignant et criant de sincérité, ce film est d’autant plus réussi qu’il a permis la libération de José Crisando, cependant toujours menacé par les diverses forces armées du pays.

Par Marie Fouquet

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