15 octobre 2016
Venise, Serenissime Biennale

l1100630

Tout les deux ans comme son nom l’indique, le monde de l’art contemporain et celui de l’architecture se retrouve en alternance dans l’Arsenal et le Giardini de la cité des doges, offrant autre chose que des verroteries pas toujours très heureuses ou des masques de carnaval qui font le bonheur de touristes. Vous en verrez d’ailleurs peu dans les allées accueillant les pavillons de chaque pays du monde ou dans le beau bâtiment blanc de la Biennale. C’est pourtant l’occasion de s’en mettre plein les yeux et les neurones avec pour chaque pays des considérations propres liés à l’habitat, puisque 2016 correspond à l’architecture. Loin des installations pour certaines franchement navrantes d’art moderne-lire article paru l’an dernier , cette Biennale d’architecture est l’occasion de découvrir comment les pays abordent la question du vivre ensemble-d’ici à 2030, deux tiers des humains habiteront en ville- avec une très nette prépondérance pour cette édition de la problématique des réfugiés.

Les réfugiés au centre des préoccupations

L’Italie, l’Allemagne, la Grèce ont ainsi imaginé leur espace comme la vitrine de solutions pour offrir un toit à ces milliers de migrants; le bien commun pour l’Italie avec des grandes boites axées sur la culture, le sport, l’éducation visant à l’intégration tandis que l’Allemagne de Merkel, un des rares pays européens à avoir ouvert ses frontières aux milliers de migrants-1,1 millions de personne depuis 2015 à loger- montrent les différents programmes qui, à travers l’Allemagne, se sont montés pour fournir un habitat digne de ce nom. « C’est dans les pires quartiers qu’il faut les meilleures écoles ». Dont acte. Les réfugiés et à leur origine, la guerre avec l’ONG Forensie qui montre comment un missile envoyé grâce à un drone peut impacter une maison, avec les morts civiles qui en découlent rappelant tristement ce qui advient en ce moment même à Alep.

Respect de la nature

La France a, pour sa part, choisi de mettre en avant des projets « ordinaires », au service des gens, loin du bling bling des architectes stars. En face, le ravissant pavillon russe plonge le visiteur dans l’histoire avec des statues venues du VDNH de Moscou, la Pologne de rendre hommage à tous ces ouvriers qui donnent vie sur les chantiers aux plans de architectes dont on découvre moultes maquettes dans le pavillon danois. Quant à l’Espagne, avec Unfinished, l’accent est mis sur cette crise économique qui a laissé tant de bâtiments arrêtés en cours de construction, faute de crédits et d’habitants. Le respect de l’environnement est évidement au coeur des préoccupations avec dans la première salle de l’Arsenal un plafond fait de barres d’acier recyclées de la précédente biennale tandis que le mot d’ordre est devenu non plus de construire sans être « mauvais » pour la nature mais « meilleur » pour elle, à l’image du recours de la terre dans l’habitat traditionnel ou de ces structures en coquillages en Israël qui récupère l’humidité de l’air pour fournir de l’eau potable. A l’issue de ce voyage planétaire sur quelques kilomètres carrés, un impression humaniste se dégage et confirme que nous avons tout à gagner à dialoguer les uns avec les autres et que l’architecture fournit des passerelles en dur mais également dans les pensées.

LM

Biennale de l’Architecture, jusqu’au 27 novembre 2016

l1100617

Le pavillon français, inauguré en mai par Audray Azoulay

l1100591

L’Espagne et ses bâtiments fantômes

l1100653

Singapour à l’Arsenale, où comment organiser la promiscuité

l1100650

La vue sur l’Arsenale de la salle d’arme

Articles similaires