26 octobre 2012
Une Traviata comme nous

Si l ‘on connaît plus d’un ciénaste mélomane, Philippe Béziat est cependant une personnalité à part. Pendant deux mois, de mai à juillet 2010, il a suivi les répétitions de La Traviata imaginée par Jean-François Sivadier pour le festival d’Aix-en-Provence, et plus précisément la rencontre entre un mythe incontesté du répertoire lyrique et une des grands divas d’aujourd’hui, Natalie Dessay, sous l’oeil vigilant du metteur en scène français. Plutôt qu’un collage didactique mettant en avant le travail des artistes, le documentaire suit le fil de l’opéra. Tantôt la soliste reprend un geste jusqu ‘à ce qu’il paraisse complètement naturel et spontané, tantôt le chef fait répéter un phrasé à l’orchestre, à la quête du son juste. Ici un gros plan sur un air, là le bruissement des feuilles qui se substitue à un ensemble vocal.

Car le film raconte une histoire, celle de Violetta Valéry certes, mais aussi et surtout celle de Natalie Dessay devenant Violetta – et vice-versa – et sait jouer de la complémentarité entre musique et image.
« On aimerait que tout ne soit qu’une répétition » confie la chanteuse. Si on reconnaît La Traviata de Verdi, c’est bien une autre héroïne, plus proche de nous, à la fois réalité et fiction, personnage d’opéra et femme de chair, qui se dessine sous la caméra de Philippe Bréziat. Un regard inédit et créatif sur le monde lyrique que ne manqueront pas les connaisseurs, ni les néophytes. L’opéra pour tous ? Assurément ce film poétique le rend accessible, sans céder sur l’exigence intellectuelle, preuve que le cinéma sait être inventif et intelligent. Voilà sans doute l’un des évènements de cet automne.

GL

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