9 janvier 2013
Une réalité dérangeante

Premier volet d’une trilogie nommée Désir, Paradis Amour , sélectionné pour le Festival de Cannes, confronte les cultures, les genres, les âges, et les consciences. Ulrich Seidl met en avant sur le mode du docu-fiction, une nouvelle forme de colonialisme : le tourisme sexuel. Les « sugar mamas » partent en vacances dans les pays où elles pourront s’offrir du plaisir à défaut de dénicher l’amour. Mais très vite les rôles du maître et de l’esclave s’inversent et le paradis de l’amour devient le cauchemar des solitudes, de l’exploitation, de la méfiance et de la déception générale.

Un paradis en trompe l’oeil

Pour fuir leur vie triste et terne dans leur pays natal, elles partent à l’autre bout du monde, dans un pays qui fait rêver les européens, fantasmant sur les cocotiers, les plages blanches et l’eau limpide, et qui dissimule pourtant une réalité beaucoup plus trouble et bien éloignée de l’imaginaire occidental.
Il ne fait aucun doute, le film est dérangeant. Outre l’accumulation des corps de quinquagénaires  apposés à ceux, jeunes et vifs des Kényans dont elles profitent, on ne peut s’empêcher de trouver dans les personnages féminins, la naïveté et l’ingénuité des gamines qui commencent tout juste leur vie sexuelle. Sauf qu’ici, ce n’est pas le cas, et le contraste est désespérant. Alors même qu’il est évident que le tourisme sexuel est l’objectif principal de ces femmes qui cherchent un regard désireux, elles ne peuvent s’empêcher d’y chercher aussi, on ne sait jamais, l’amour avec un grand A. Et les discours préconçus de ces hommes qui ne souhaitent qu’une chose, pouvoir récupérer le maximum d’argent, se calque contre l’idéal amoureux européen, ces romantiques qui font de l’amour une affaire d’absolu. Tout cela s’achève sur un dégoût unanime, de l’amour, du sexe, des autres, de soi-même. Les personnages essaient de tirer à profit leur rencontre sans jamais faire l’effort de comprendre l’autre et se servent de leurs failles respectives pour atteindre leur objectif. Et même si Urich Seidl apporte ci et là un regard tout de même humoristique à cette triste réalité, on en ressort bien désubusé.

 

Par Marie Fouquet

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