28 décembre 2013
Une festive Vie parisienne

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Incontournable compagnon des fêtes de fin d’année, Offenbach ne manque pas à l’appel de l’Opéra de Toulon, lequel propose une Vie Parisienne réglée par Nadine Duffaut qui a tourné à Avignon, Marseille, Saint-Etienne, Toulouse, Liège et Prague. Un classique, une valeur sûre, qui ne cherche nullement à transposer l’intrigue. Excepté quelques discrètes retouches bien anodines, la partition est là et l’esprit d’Offenbach y souffle avec son ivresse reconnaissable entre toutes. Grâce à un habile décor en rotation, la mise en scène fait se succéder avec fluidité les différents lieux de cet hymne au Paris haussmannien qui fait valser des étiquettes et des noms plus improbables les uns que les autres – baron de Gondremark qui vient de Suède, Métella la courtisane, Frick le bottier à l’accent germanique à couper au couteau – le tout scandé par une horloge narquoise. Dans ce gratin pseudo-mondain qui moque la Prusse rivale, les jeux de mots sont rois.
Et le plaisir aussi, avec une jolie palette d’interprètes de la nouvelle génération, preuve que l’éternelle jeunesse du grand Jacques ne se tarit pas. Marie-Madeleine Henry distille une piquante Métella que se disputent Guillaume Andrieux, Bobinet d’un incontestable aplomb, et Virgile Frannais, Gardefeu doué d’un excellent sens théâtral. Marc Larcher se révèle aussi à  l’aise dans la caricature teutonne que l’exotisme brésilien. Aux côtés de son bouillonnant époux incarné par Olivier Grand qui, l’espace d’une exaspération, se prend pour Nabila, Ingrid Perruche offre à la baronne de Gondremark une délicieuse plénitude sonore. On succombe à la coquetterie de la Pauline d’Anaïs Constans, et plus encore à l’irrésistible Gabrielle Philiponet, Gabrielle la gracieuse gantière qui fait fondre Frick – et nos oreilles. Nona Javakhidze incarne une impayable Madame de Quimper-Karadec, accompagnée par la pétulante Emilie Rose Bry en Madame de Folle-Verdure. Il n’est pas jusqu’à Franck Licari, l’assistant à la mise en scène, et aux membres du chœur, venus renforcer les effectifs des domestiques, qui ne participent à cette joyeuse débauche festive.
Si pendant la première partie de soirée l’orchestre ronronne un peu, amolli sans doute par un chauffage trop présent, Jérôme Pillement donne à la suite un coup de fouet bienvenu, jusqu’au finale avec son incontournable french cancan dans lequel le ballet s’en donne à cœur joie, et le public à l’avenant, venu, comme le baron suédois, « s’en fourrer jusque là ». Pas de doute, ici à Toulon, le cahier des charges du spectacle de fin d’année est rempli au-delà des espérances.

GL
La Vie Parisienne, Opéra de Toulon, jusqu’au 31 décembre 2013

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