8 mars 2012
Motus et bouche cousue

Trop de lumière sur une petite plante peut la tuer. C’est ainsi qu’Eva Joly est apparue au Salon de l’agriculture. Trop de caméras, trop de micros, trop de projecteurs, pour une femme du tribunal. Il lui a fallu affronter la foule pour rencontrer  et discuter avec quelques éleveurs et le public. Heureusement  José Bové, à ses cotés veille. Un petit sourire gêné au coin des lèvres, ses lunettes rouges désormais dans la poche intérieure-on lui a conseillé de ne plus les mettre, problème, elle ne voit rien sans..-  de son blouson en cuir bordeaux, le col relevé, la candidate a sorti pour l’occasion des baskets noires et blanches pour un marathon médiatique de trois heures. Sa voix est trop faible, seules les radios branchées à leur Nagra peuvent l’entendre. Mais elle ne dit pas grand-chose, c’est surtout José Bové qui s’exprime, dévoué à la cause écologique – il ne compte plus les procès. Le couple écolo encerclé par un troupeau de journalistes, rencontre en premier lieu deux petits éleveurs des Pyrénées. Eva chausse alors ses lunettes et écoute  attentivement ce qu’ils ont à dire sur leur métier, leur souffrance aussi.

José Bové maitrise

Pendant ce temps, son équipe prépare le terrain semé d’embuches,  projettant « d’aller tout droit » pour lui éviter de s’éterniser dans ce lieu où on ne la sent pas très à l’aise. Ses collaborateurs transpirent déjà. C’est tout aussi physique que de s’occuper des bêtes. Le public semble bien moins curieux de la rencontrer,   contrairement aux candidats précédants.  « Eva Joly est inutile comme candidate écolo pour faire avancer l’agriculture et pour prendre conscience des problèmes environnementaux » s’exclame une femme dans le public. De l‘autre coté, une mère de famille lance : « ce n’est pas avec les journalistes qu’elle doit discuter mais avec les gens ! »  Puis le troupeau médiatique avance, les caméras s’attroupent autour d’un taureau qui prend peur et manque d’en faire valser plus d’un! Mais même là,  José Bové maîtrise la situation, il  caresse l’animal tout en discutant avec l’éleveur, coupant parfois la parole à Eva perturbée par l’action. Il vaut mieux qu’elle écoute. Elle ne souffle aucun mot supplémentaire tandis que le girondin, lui, se sent dans son élément. Il est au final le porte-parole de cette dernière. C’est maintenant le tour d’un stand corse et leurs produits fermiers avec un petit verre de Jurançon AOC, d’une belle couleur bien dorée. Eva semble apprécier,  tenant son verre à la main et croquant un morceau de fromage.

Uns petite bière, Eva?

Bové boit quant à lui à la bouteille comme un bon vieux paysan., aux sons d’un groupe corse et ses chants polyphoniques. Puis,  le tandem continue entre vaches et moutons. Les photographes s’amassent dans les escaliers au bord de l’escalator. On sent qu’Eva commence à fatiguer. La foule stagne à la sortie, un enfant pleure, le père accoure pour sauver son fils en frappant les journalistes. Les gardes du corps le retiennent. Il est temps de faire une  pause…Direction,  l’espace  des Brasseurs de France. Eva peut enfin s’assoir et boire –  encore – une bière brune bien fraîche dans la chaleur du salon. José prend la parole tenant lui-même les micros, Eva parle à sa suite, mais il faut toujours tendre l’oreille. Trois minutes pour se reposer, et c’est reparti. Pour  finir,  José Bové laissera enfin seule Eva, une demi-heure où elle semble un peu perdue et, pour éviter de parler, finira par signer une pétition « Osons le Bio ». Oui, c’est cela, osons le bio, pas mal comme slogan, n’est ce pas Eva?

 

Par Jim

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