Niet. Pour la première fois sous la Vème République, un chef de l’Etat refuse désormais toute interview aux correspondants de la presse étrangère, depuis qu’au début de son mandat, The New York Times a reproduit du « off »; et que Nicolas Sarkozy a quitté le plateau de CBS en plein enregistrement de « Face the Nation » après que la journaliste américaine ait osé lui poser une question sur son possible divorce avec Cécilia.
A voir le documentaire de William Karel, « Looking for Sarkozy » -A la recherche de Sarkozy- (lire 9,99), les correspondants étrangers interviewés sont unanimes. Sarkozy a compris qu’il n’aurait rien à gagner avec eux. Mais plutôt à y perdre avec ces questions que les journalistes étrangers, peu habitués à la déférence congénitale des journalistes politiques français, n’hésiteraient pas à lui poser. En attendant avec opiniâtreté une réponse. Revenant à la charge s’il le faut. Tous -ils sont dix-huit- soulignent en tout cas une présidence qui n’hésite pas à les maltraiter, les plaçant souvent au dernier rang de la salle de presse et ne craint pas, par le biais du service de presse de l’Elysée, de faire part de son mécontentement comme lors de la couverture de « The Economist », caricaturant Sarkozy sous le chapeau de Napoléon en train de suivre Carla Bruni.
Sans concession
The Pariser a rencontré William Karel, le réalisateur, Steven Erlanger, correspondant au New York Times et Alberto Toscano,( lire son billet), grande plume italienne, tous deux interviewés dans ce documentaire qui a semblé être une mascarade auprès des « Sarkozy boys », le chargé de communication de Nicolas Sarkozy, Franck Louvrier en tête.
Autant dire que c’est un homme occupé qui met un point d’honneur à répondre à toutes les demandes avec une grande efficacité, « à la française ». En effet, contrairement aux Etats-Unis où l’on n’hésite pas à dire non, ici, on laisse faire le temps. Ainsi Philip Gourevitch, journaliste au New Yorker, ( lire son interview), en a fait les frais. Six mois de travail pour écrire quinze pages résumant cinq années de sarkozysme avec à la clé des rencontres avec Marine Le Pen, Jacques Attali, Yasmina Reza, Dominique de Villepin mais pas avec le principal intéressé… A l’arrivée, du journalisme à l’américaine, pour un portrait fouillé et argumenté, que Nicolas Sarkozy nous a affirmé, au cours de sa visite des Restos du coeur, (lire le récit), ne pas avoir lu. Puis, intéressé, il nous en a toutefois demandé un résumé. Pour, après quelques secondes, chercher à savoir si nous croyions ce qu’écrivait ce journaliste…
Une drôle de question qui nous a donné envie d’y répondre, en prenant le temps de vous offrir un résumé dudit article avant de publier sa version complète traduite, en épisodes, prochainement dans nos colonnes. A suivre donc…