22 novembre 2013
Irlande/ Un whiskey?

Bien sûr, on peut toujours se réchauffer dans un des nombreux pubs qui parsèment l’Irlande avec une pinte de Guiness au goût prononcé. Pourtant ce serait passer à côté de l’identité profonde du pays  et de l’ autre alcool qui fait sa renommée : le whiskey.
L’histoire du whisky remonte au Moyen-âge, l’Ecosse et l’Irlande s’en disputant la paternité – on parle d’ailleurs d’ « irish whiskey », écrit avec un « e », pour le distinguer. La principale différence entre les deux tient au nombre de distillations, deux en Ecosse, trois en Irlande – une boutade écossaise affirme d’ailleurs que « si les Ecossais pratiquent la triple distillation, c’est que les deux premières sont ratées ». Il reste  trois distilleries en activité sur l’île : Bushmills, en Irlande du Nord, Cooley au nord de Dublin, et Midleton, près de Cork, à l’ouest justement de Wexford.
Comme pour le vin – à la différence près qu’on y ajoute quelques gouttes d’eau pour ouvrir les saveurs –, on regarde la couleur, ambrée ou plus sombre. On porte le verre à son nez. On hume. Une fois. Une seconde, après avoir fait tourner le breuvage pour qu’il libère plus d’arômes. Et on goûte. Selon les céréales distillées, les fûts utilisés pour le vieillissement – minimum trois ans –  l’identité du whiskey change. Il en a des secs qui se boivent  presque d’un coup, d’autres, plus gras, qui s’appesantissent sur la langue, et s’abandonnent peu à peu vers le fond du gosier. On a des senteurs fleuries, boisées, vanillées.
Un petit tour dans le distillerie de Midleton fait découvrir les alambics, où se jouent la première partie du destin de ce bronze irlandais. Selon l’ouverture du bec, le résultat aromatique diffèrera, et l’on trouve autant de tenants des « grands » que des « petits » becs. Seul point commun, il faut au moins dix ans pour que la machine cuivrée se « culotte », c’est-à-dire se patine pour donner le meilleur d’elle-même. Puis comme dans le chai d’un château, c’est la visite de la salle aux trésors, les fûts, venant ici souvent du Xérès – ou sherry comme le nomment les Britanniques – parfois de grands vins français – avant une dégustation de quelques bouteilles, histoire d’enrichir un peu sa connaissance initiée quelques jours plus tôt. Cela se fait d’ailleurs avec quelques fromages locaux. On y reconnaît évidemment le cheddar, mais aussi des pâtes molles comme le Durrus, et surtout un délicieux Ardrahan produit dans la région de Cork avec des vaches frisonnes. Les fromages difficilement exportables, pour Noël, une bonne bouteille et sa « part des anges » -l’alcool qui s’évapore quand on l’ouvre- sera le meilleur des choix.
GL

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