22 avril 2012

Des champs de colza jaune soleil aperçus par la fenêtre du train Paris-Brive, des cerisiers en fleurs du côté d’Auxerre, la fonte des glaces  sur les bords de la Corrèze, la pluie sur la forêt guyanaise où chantent des oiseaux rares, la nuit qui tombe sur la place de Jaude de Clermont-Ferrand noire de monde … Fin de campagne. En attendant le duel.
« J’ai peine à vous quitter », a dit François Hollande jeudi au terme d’un dernier meeting dans un amphithéâtre de verdure des alentours de Bordeaux où des milliers de personnes sont venus l’applaudir les pieds dans la boue, entre deux giboulées.
« Le soleil est à gauche », a osé le candidat socialiste dans un discours plus joyeux et déjanté qu’à l’accoutumée où l’on  entendit parler d’une  «vague qui arrive »,  d’un « ciel tout rose pour le 6 mai ».  Celui qui répète « aimer les gens plus que l’argent »  a fait peur à ses gardes  du corps en gravissant un coteau glissant pour aller serrer  quelques mains. Dire quelques mots. Convaincre encore quelques-uns. On ne sait jamais.
Cette fois, il n’est plus seul. Passé tout près des oubliettes de la vie politique  il y a cinq ans, quand Ségolène Royal était à l’évidence « la candidate du moment »,  raillé il y a un an – un siècle – lorsqu’il brigua  un poste alors promis à Dominique Strauss-Kahn, François Hollande est désormais, selon sa formule confiée à quelques journalistes du côté de Clermont-Ferrand, en passe de tomber  « du bon côté de  L’Histoire ».

Une campagne ennuyeuse pour 60 % des français
La campagne fut grave, longue, sans passion, à l’image d’une époque désabusée en désamour de la politique. Si l’espoir fait vivre, c’est bien sur ce terrain irrationnel que le raisonnable candidat socialiste aura réussi à rassembler un peuple avide, malgré tout, de mieux vivre.
Une année entière sur les routes, à déambuler dans les centres-villes, à se faire désirer de Français qui le voient depuis trente ans à la télévision sans vraiment le connaître. « François Hollande est un skieur de fond, » dit Jacques Attali, qui travailla avec lui à l’Elysée aux côtés de François Mitterrand, dont le fantôme surgi de 1981 aura hanté toute la campagne de 2012.  Silencieux pendant la tempête Strauss-Kahn, François Hollande a chaussé sans bruit les bottes de favori pour franchir les sept lieues  qui feront de lui, si les Français en décident, le deuxième président socialiste de la Ve République.  De la primaire socialiste survolée avec prudence à l’ultime tournée de vendredi dernier dans le nord-est de la France en passant le meeting du Bourget qui l’aura dévoilé aux yeux du monde un dimanche de janvier et  60 propositions expliquées  sans cesse, le socialiste aura mené sa barque sans changer de cap.

Le « off » off

Son slogan « Le changement c’est maintenant », fredonné sur tous les tons, l’aura accompagné dans cette campagne, tout comme la phrase prémonitoire de Coluche, diffusée au début de chaque meeting : «Attendez que la gauche passe, en 2012 ! ». Les journalistes qui le suivent auront eu leur lot de « off » d’un homme qui les connaît d’autant mieux que le député de Corrèze a choisi l’une d’elles pour compagne. De petites phrases en communiqués, de réunions publiques en porte-à-porte, la pléthorique famille socialiste aura distillé son message dans toute la France, où le PS est légion dans toutes les collectivités locales.
Un travail de fourmi qui ne saurait remplacer la détermination du candidat à convaincre un à un des électeurs qui  n’auront pas  été avares, en retour, de «Courage » et autres  « Tenez bon », encouragements  d’un peuple de gauche qui n’ose encore croire que cette fois, enfin, ce sera la bonne.

 « On va gagner », entend-on depuis une dizaine de jours dans les meetings. Réponse le 6 mai, à 20h00.

Par Jim

Articles similaires