23 juillet 2012
Un été à Paris

La vie est ainsi faite qu’à quelques mètres de Paris Plage -qui vient d’ouvrir sur deux fois moins de surface-, le Mémorial de la Shoah organise tous les midis de l’été la lecture des noms de ceux qui furent envoyés en 1942 dans les camps de concentration. Un jour, un convoi, cela jusqu’au 31 aout. On en est déjà au numéro 9, 996 déportés, 385 femmes, 5 survivants. Pour ne pas oublier. Mais c’est les vacances pour beaucoup, alors la ville commence à se vider, les salles ferment et bientôt il n’y aura point de salut autre que de s’entasser dans des trains, avions ou voitures pour aller chercher un peu de soleil et d’air frais,  plus ou moins loin de la capitale. Jusqu’en septembre, Paris ne sera plus le lieu culturel incontournable, livré aux touristes et déserté par ceux qui le peuvent pour rentrer d’attaque, bronzés, les batteries rechargées. Déménagements, travaux commencent alors un peu partout, le fromager offre des rayons videsces derniers jours avant de s’envoler pour une contrée exotique,  alors que le soleil enfin arrivé, les touristes font la file indienne dans l’Ile Saint Louis pour une glace Berthillon. De quoi se croire dans un pays communiste…Bientôt d’ailleurs les rideaux de fer vont se baisser et les places de parking seront de plus en plus facile à trouver, avec en août, la gratuité!  Les volets des appartements bourgeois se ferment, la capitaliste s’en va dans ses autres demeures et seules les terrasses de café offrent au prolétariat un court instant l’impression d’entre deux, être dehors mais toujours piégé par la ville. A défaut de théâtre ou d’Opéra-en répétition ou en tournée, il reste les expositions et les films, souvent des superproductions  et autres dessins animés pour des cerveaux épuisés. Les journaux deviendront au fur et à mesure épais comme des tranches de Carpaccio et offriront Tee shirt ou polars afin de pouvoir continuer à espérer se vendre. De toutes les façons peu de gens auront envie de les lire, avec cette idée que la guerre en Syrie plus les plans sociaux feraient bien de faire comme un français sur deux-prendre des vacances.

Par April Wheeler

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