28 mai 2012
Un Cosi tout en élégance…

Applaudissements nourris pour cette reprise de la mise en scène de Cosi fan tutte qu’Eric Génovèse, sociétaire à la Comédie Française, avait réglé ici même au Théâtre des Champs Elysées il y a quatre ans. Avec ses panneaux mobiles déplacés par des techniciens, elle révèle d’emblée l’artifice de cette expérience sur la versatilité des sentiments menée par Don Alfonso sur ses deux jeunes amis encore naïfs, où la vraisemblance est somme toute secondaire. Car la vérité psychologique, celle qui en fin de compte nous fait croire à cette intrigue assez mince, c’est la divine musique de Mozart qui la porte, dirigée avec une juvénile énergie par Jérémie Rohrer, étoile montante de la direction d’orchestre régulièrement célébrée ici avenue Montaigne. Et peu importe au fond si la distribution réunie n’est pas toujours au plus haut niveau, surtout côté masculin où le si remarquable Atys de la résurrection la saison passée à l’Opéra Comique, Bernhard Richter, peine à trouver la juste couleur de Ferrando, atténuant ainsi la médiocre performance du Guglielmo de Markus Werba, surprenant à côté du très bon Alfonso de Pietro Spagnoli, mozartien émérite il est vrai. Car avec ses airs magnifiques et ses récitatifs animés, le chef-d’œuvre de Mozart supporte sans problème une direction d’acteurs littérale, voire conventionnelle. Il faut croire que les décors sobres de Jacques Gabel et les éclairages élégants d’Olivier Tessier suffisent à contenter un public qui préfère laisser aux musiciens du Cercle de l’Harmonie le loisir d’être bousculé dans ses habitudes.

 

Par Gilles Charlassier

Cosi fan Tutte- Au Théâtre des Champs Elysées -jusqu’au 31 mai

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