6 décembre 2013
Un bonheur de satire

Jubilatoire, brillant. On n’a pas de mot pour décrire la jouissance intellectuelle qu’offre L’affaire Dussaert, pièce écrite et jouée par Jacques Mougenot. Seul en scène et sous la forme d’une conférence, il revient sur les critiques que l’on peut faire à l’art contemporain à travers celui que l’on nomma « le peintre de l’inaperçu », lequel eut à coeur de faire disparaître tout d’abord les sujets dans des toiles de maîtres comme La Joconde qui devint sous son pinceau Après la Joconde, n’en peignant que le fond. Sur les traces de Marcel Duchamp et son urinoir, ce peintre belge, génial copiste ayant fait les Beaux Arts relança ainsi le débat sur la valeur artistique d’une oeuvre, en dé-figurant 19 chefs d’oeuvre, dont 5 furent immédiatement achetés par des musées. Puis, malade -il meurt à 42 ans- il fit scandale avec sa dernière exposition Après tout, où il exposa non pas le vide comme Yves Klein, mais le rien. « L’unique chose qui permet de différencier l’art du reste, c’est le discours ». Dans le cas de Dussaert, les critiques s’étripèrent tandis que celui-ci refusa toute explication, « le commentaire étant l’ennemi de l’artiste » selon lui. Reste que l’oeuvre fut un succès, vendue à Drouot à un musée américain, préemptée par l’Etat français, etc… Avec la lecture d’extraits de catalogue, des diapositives, et de la correspondance avec  madame d’Argenson, riche collectionneuse et soutien indéfectible  de ce peintre qui intéressa même la Cour des Comptes, vous verrez dans cette pièce comment les mots peuvent remplacer les formes, avec un humour et une intelligence délectables. Alors dépêchez -vous, c’est jusqu’au 4 janvier aux Mathurins.

LM

L’affaire Dussaert, à 19 heures aux Théâtre des Mathurins, texte vendu après et signé par l’auteur.

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