15 septembre 2012
Un barbier à Séville

Rien ne vaut un bon Rossini pour entamer la rentrée en douceur. D’autant que la mise en scène du Barbier de Séville créée par Damiano Michieletto il y a deux ans, emporte l’adhésion par son irrésistible sens du rythme. Du moins au premier acte.
Paolo Fantin a dessiné une façade d’un quartier populaire de la Séville d’aujourd’hui, réversible pour laisser voir l’intérieur de l’immeuble du docteur Bartolo. Almaviva est un jeune bourge bling-bling qui prend ses aises avec les lois et les règlements, déchirant l’amende qu’il vient d’écoper pour stationnement non réglementaire, ce qui ne plaît guère au voisinage volontiers ragoteur, réuni au café en bas de la demeure du vieux Bartolo. Si on se lasse parfois de l’abus de rotation des décors, on en apprécie du moins les nombreuses trouvailles comiques. Ainsi, Basilio fait pleuvoir des numéros du Pais pendant son air de la calomnie, jouant du rôle de la presse comme faiseuse de réputation et actualisant efficacement cette histoire  de mariage forcé – qui par bonheur finit bien.
Mais le mur d’intérieurs et la simultanéité d’intrigues dessert le second acte, sans parler de certaines contradictions avec le livret – on se prend de nostalgie pour l’inventivité sans prétention de Colline Serreau. L’histoire de Berta dépressive donne trop de place à ce personnage somme toute anecdotique, et le misérabilisme de ses amours n’apporte guère à l’intrigue qui du coup se desserre quelque peu.

Un plateau vocal de haute tenue

Heureusement, les oreilles se régalent avec des chanteurs souvent au meilleur, comme le Conte de Lawrence Brownlee, tout simplement l’un des meilleurs rossiniens du moment – timbre lumineux,  virtuosité étincelante et voix aérienne. Plus admiré pour ses Verdi, Tassis Christoyannis n’en compose pas moins un Figaro attachant, ne limitant pas son personnage au  premier degré comique. Quant à la Rosine de Silvia Tro Santafé, elle éblouit d’agilité, au prix d’un certain resserrement dans l’émission. Bartolo émérite, Alberto Rinaldi a l’âge du rôle, tandis que Roberto Scandiuzzi affirme en Basilio une autorité un brin caverneuse. Mentionnons encore la Berta en bigoudis de Sophie Gordeladze et le Fiorello de Nicolas Carré. Dommage en revanche qu’Alberto Zedda se contente d’une direction appliquée.

par Gilles Charlassier

Le Barbier de Séville, Grand-Théâtre de Genève, jusqu’au 17 septembre 2012

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