« C’est juste un job ». Dans le film Promised land de Gus Van Sant, actuellement sur vos écrans, voilà comment une des employées de la multinationale chargées de convaincre les fermiers de céder leurs terres pour y installer le gaz de schiste -aux effets extrêmement toxiques selon beaucoup d’études- se justifie. Un job qui paye le loyer, les factures, les études des enfants comme pour les centaines d’employés de PIP qui ont sciemment falsifié les chiffres, caché les fûts contenant le gel industriel -certains avec même des additifs pour carburants- depuis 2001 et ouvraient le champagne dès que les auditeurs de l’Agence nationale de sécurité du médicament quittaient les lieux. Que la cupidité et la folie d’un homme aient pu trouver tant de relais, voilà qui fait vaciller l’idée même de moralité. Il n’en existe aucun cours à l’école-Vincent Peillon semble vouloir y remédier- et les églises sont aujourd’hui bien vides. 120 salariés ont suivi comme un seul homme les ordres, sans jamais être le soir venu, devant leur femme, leurs enfants, capables de prendre la décision de ne pas accepter cette complicité qui ressemble aujourd’hui à un vrai crime.
Un million d’euros annuel d’économie
« J’obéissais aux ordres « disaient les kapos dans les camps de concentration. Ne jamais laisser de traces écrites, la dissimulation permanente, la pression de la direction, ils ont tous accepté d’empoisonner des femmes, d’attenter à leur vie au nom de leur emploi qu’ils risquaient de perdre. Et pourtant, ils savaient. Dès 2005, en Grande Bretagne, la société a été condamnée à 1,4 millions d’euros d’indemnités suite à la rupture des implants qui coûtaient dix fois moins chers que leurs concurrents. Pour autant, la certification en France ne sera pas remise en question avant 2010; l’arnaque entre temps est devenue planétaire, PIP étant parvenu en raison de ses prix « low cost »à devenir le troisième producteur mondial de prothèses. Aujourd’hui, il y a en France plus de 5 000 plaignantes, 300 000 victimes dans le monde pour une mise en danger de la vie d’autrui qui a permis à Jean Claude Mas une économie annuelle d’ un million d’euros par an par rapport au gel déclaré. Des euros, des gens qui ferment les yeux d’un côté. Et de l’autre, des femmes qui luttent aujourd’hui pour leur survie, certaines avec des cancers dont on ne reconnaît même pas le lien direct tandis que seules 10 000 femmes ont choisi de se faire retirer leurs implants dans le monde, la France étant le seul pays à rembourser l’opération! Triste Occident.