8 janvier 2015
Tous avec Charlie Hebdo

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Un 11 septembre de la pensée. Robert Badinter ne s’y est pas trompé, les Français non plus. A Paris, il fallait voir ce mercredi 7 janvier la place de la République; comment elle se couvrait d’ hommes, de femmes, de vieux, de jeunes, certains en fauteuil roulant, une autre avec son chien d’aveugle-la journaliste Sophie Massieu, et des milliers d’anonymes sortant du métro ou affluant des grands boulevards pour être là, unis dans la stupeur et l’horreur.  « Bal tragique à Charlie Hebdo, 8 milliards de morts ». Une rédaction entière, exécutée froidement dans une salle de réunion et c’est la France entière qui redécouvre qu’un stylo peut vous conduire au cimetière.

Douze morts dont huit journalistes, quatre personnes entre la vie et la mort, on n’avait pas connu d’attentat aussi sanglant à Paris depuis la Guerre d’Algérie. Avec forcément le piège de la violence et de la récupération qui s’ouvre. « Ce qui me fait peur c’est ce que l’on en fera ensuite: la mort est une chose, l’usage politique en est une autre » s’inquiète déjà Pablo, un étudiant avec une bougie à la main. « Ce qui va arriver ensuite sera funeste » rajoute un autre.

Anonymes et personnalités

Beaucoup de journalistes sont aussi présents comme Pakman, dessinateur à Siné Mensuel qui se demande si Willem fait partie des blessés ( il était en fait dans un train) ou Rémi Lainé, réalisateur de documentaires: « C’est un jour tragique pour l’intelligence, pour la matière grise et tout ce que l’on aime dans ce pays » . Dans la foule compacte, Rémy Pfimlin, le Président de France Télévisions (qui a mis son groupe à disposition de Charlie Hebdo tout comme Le Monde et Radio France) s’est joint également à ce rassemblement, « j’en avais envie, j’en avais besoin » à l’égal de tous ces Français qui se sont massés là ou dans les villes de province où à l’étranger. Plus loin, Corinne Lepage parle de  » notre ADN, des choses qu’il ne faut pas toucher ». Les sirènes des voitures de police résonnent dans la nuit qui tombe sans qu’aucune inquiétude n’apparaisse sur les visages. On sent ici une force incroyable, cette union nationale dont les politiques parlent à l’envi.

Dans le ciel, des lanternes s’envolent en hommage à ces « soldats de la paix » parmi lequel Charb, rédacteur en chef de Charlie Hebdo, qui disait préférer « mourir debout que vivre à genoux ». Ils étaient et resteront à jamais l’honneur de notre profession. Paix à eux.

Par Laetitia Monsacré

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