Tom Lanoye/ Passion taboue

Tom se rappelle le souvenir d’une passion amoureuse l’ayant profondément marqué dans son enfance. Une passion homosexuelle donc taboue. Issu d’un monde populaire, c’est au cours d’un voyage organisé par la Caisse d’assurances maladie, avec d’autres enfants de son âge, qu’il fait la rencontre de celui qui le fascinera : « Je ne stockais pas que lui dans mes archives mais c’était le seul dont je voulais tout posséder » et le fera inconsciemment s’éveiller à la sexualité.

Tom Lanoye, auteur belge flamand très réputé dans son pays, aborde dans cet ouvrage vendu en Flandres à 100 000 exemplaires, avec un style clair et limpide, l’attirance charnelle qu’éprouve un garçon de douze ans pour un autre garçon. Cette histoire, c’est d’ailleurs un peu la sienne. Il décrit ses premiers émois ainsi que le désir sexuel qui l’obnubile face à ce garçon et le pousse à découvrir son propre corps  » avec un sens quasiment clinique de l’expérimentation » , dans un pays ultra-catholique tel que la Flandre des années 60 où l’homosexualité, comme la masturbation, sont alors encore considérées comme des péchés et outrages aux bonnes mœurs. Des sujets que l’on préfère ne pas aborder, car cela « dérange »…

L’écrivain dépeint également, avec ironie et dérision, l’ambiance de l’ancien séminaire devenu collège privé qu’il a fréquenté et livre avec mordant les portraits de certains de ses professeurs aux idées très conservatrices. Ainsi,  l’un d’eux surnommé Mussolini qui lui a transmis le goût de la littérature et de l’écriture, et qui  » dans la vie publique,( il) apparaissait intolérant, partisan et fermé à toute discussion, en classe il était tout le contraire ».

Voilà vingt-deux ans après sa parution en Belgique, un roman que les Editions bien nommées de la Différence vous offrent l’occasion de découvrir, et qui devrait séduire autant les adolescents français que leurs camarades belges.

Par Elise DAVID

Les boîtes en carton de Tim Lanoye, publié aux Editions de la Différence, traduit du néerlandais par Alain Van Crugten, 17 euros

Imprimer