7 juin 2012
The Queen

La reine d’Angleterre n’accorde pas d’interview. Nous ne nous prendrons donc pas pour Patrick Poivre d’Arvor…Son silence est souverain dans ce monde où tout le monde a quelque chose à dire face aux micros qui se tendent. Elle fut, il y a soixante ans, une ravissante jeune fille, descendant les marches d’un avion à 25 ans, pour fouler la terre anglaise comme reine, elle qui l’avait quittée comme simple héritière. Ce qu’elle n’aurait jamais dû être si une autre femme, Wallis Simpson n’avait ravi le coeur d' »oncle Edouard », sans doute peu enclin par ailleurs aux obligations royales. Elizabeth II, elle, ne les a jamais craintes et toujours respectées. Soixante ans, la silhouette s’étant logiquement tassée, histoire d’asseoir plus encore sa stature de reine régnant sur les 16 pays du Commonwealth. Son sourire, lui n’a pas changé tandis que son visage impassible en dit long à ceux qui savent l’observer. Nous avons donc été tentés de l’écouter…

Ce jubilé de diamant, quel effet cela vous fait-il?

L’effet du temps qui passe- je suppose comme pour toute personne de mon âge. Même si ma vie  fut un peu spéciale…C’est en tous cas un grand plaisir de voir tous ces gens réunis en mon honneur, je les remercie d’avoir bravé le froid et la pluie pour cela. Ce défilé de bateaux, c’était merveilleux. Pour le concert, je suis plus réservée mais il faut plaire aux jeunes, n’est ce pas?

Que retenez-vous de ce règne?

Les menaces qui ont pesé sur nos vies lorsque nous étions en guerre, l’émancipation de tous ces pays qui étaient des colonies anglaises à mon arrivée sur le trône et la façon dont les technologies ont changé nos vies.

Et sur le plan personnel?

C’est personnel comme le dit votre question.

Etes -vous tenté par le « avant, c’était mieux? »

Tentée, oui,  sans doute mais cela ne changera rien au cours de l’histoire. Toute reine que je suis, je ne suis que de passage. J’essaye en tous cas de faire de mon mieux par respect à l’honneur qui m’a été fait de représenter mes sujets. C’est une charge également comme vous vous en doutez qui demande beaucoup d’abnégation.

Quel est votre plus grand regret?

Que le respect se soit à ce point effacé, dans tous les domaines. J’en jouis encore moi même mais ces « tabloids » ont été d’une violence inouïe pour la famille royale. Tout cela pour de l’argent. Il est aujourd’hui un dieu duquel je ne suis point sujet. J’ai même dû renoncer à mon bateau le Britannia, ce lieu où je me sentais si libre, loin des regards et de l’attention permanente dont je suis l’objet depuis toutes ses années.

Et vos plus grandes joies?

Je les garde pour moi si vous permettez. Etre reine d’un pays en paix est en tous cas une satisfaction de chaque jour. Monter à cheval aussi fut un plaisir que la vie m’a offert jusqu’à récemment.

Pensez vous à la mort?

Vous n’y penseriez pas à mon âge? Mais, Le roi est mort , vive le roi comme l’on dit dans votre pays!

Son visage tourna alors d’un quart de tour, signifiant que l’entretien était fini. Sans un mot, juste impériale.

 

Par April Wheeler

 

 

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