20 décembre 2011

 

Qui dit Noël à New York, dit F.A.O Schwarz. Créé il y a 150 ans par l’immigré allemand Frederick August Otto Schwarz, le célèbre magasin, voisin aujourd’hui du cube de verre de l’Apple Store sur la Fifth Avenue, est un passage obligé pour tout touriste ou New-yorkais qui se respecte. Ses Teddy Bears, oursons en peluche, ont toujours fait rêver petits et grands. Une institution – plus de 3 millions de visiteurs par an -, le Must-Go pour les achats de fin d’année.

Le lieu n’a plus le faste d’antan, mais il garde une certaine magie. Il appartenait à la famille Schwarz jusqu’en 1963, puis, de difficultés financières en faillites, de repreneurs en acquéreurs, le magasin fut finalement racheté par Toys “R” Us au printemps 2009. La chaîne américaine de jouets a maintenu le nom prestigieux et le folklore à l’entrée du magasin: le large sourire du doorman soldat, tout de rouge et noir vêtu, accueille joyeusement le chaland depuis des décennies; et à l’intérieur, on reste émerveillé à la vue des girafes, éléphants, lions et autres animaux rembourrés, doux comme du velours, même si la promesse de trouver des jouets uniques, longtemps synonyme de rareté et de cherté chez F.A.O, est difficile à tenir aujourd’hui.

Tintin au pays des Nounours

Les animaux en peluches, grands classiques de la Maison, côtoient, au rez-de-chaussée, les produits dérivés des dernières productions cinématographiques. Et cette année, on a de la chance: Tintin et Milou sont en vedette, dans la perspective du film de Steven Spielberg, qui n’est ici sorti que le 21 décembre. La poupée de chiffon du “reporter en culotte courte”, très “old days”, s’adapte évidemment très bien au lieu. A quelques pas, le traditionnel train électrique et son décor enchanteur, installé à hauteur d’yeux d’enfant; ou encore les toupies et les caisses enregistreuses en fer blanc de nos grands-mères, qui font sourire les parents, perdus dans leurs souvenirs, tandis que leurs enfants se précipitent sur les escalators du magasin. Car, au premier étage se situent les dernières nouveautés. Des jouets “de plus en plus complexes et interactifs« , écrivait début décembre le Wall Street Journal. Les poupées parlent, discutent, argumentent sur tous les tons, comme les figurines Fijit de Mattel, stars des commandes de Noël, qui prononcent 125 phrases et peuvent répondre à une trentaine d’ordres, via reconnaissance vocale. Pas de DS 3D ou autres jeux électroniques chez FAO Schwarz – pour cela, il faut descendre quelques rues sur la Fifth Avenue et rejoindre le Nintendo center du Rockfeller Plazza – mais des « Angry Birds » du jeu vidéo développé par Ravio, version peluches évidemment.

Le Barbie foot, édition limitée

Les trentenaires retrouvent le « floor piano », clavier de piano géant installé au sol et rendu célèbre par Tom Hanks dans le film « Big » en 1988. Vendu 15.000 dollars à l’époque, le “floor piano” est le dernier témoin de l’ère opulente de F.A.O Schwarz, celle de la fin des années 80, lorsque l’enseigne s’était faite le spécialiste des jouets hors de prix, à plusieurs milliers – voire dizaine de milliers – de dollars. Ultime clin d’œil à la démesure des jours anciens: un baby-foot de trois mètres de long, rebaptisé Barbie-foot. Vingt-deux poupées Barbie, remplaçantes éphémères des footballeurs d’aluminium, se retrouvent privées de leurs bras et empalées, au niveau des épaules, par les barres télescopiques d’acier. Des fillettes se pressent le long des parois rose bonbon du jeu de table et froncent les sourcils. Même au pays du “soccer” féminin, cela surprend. Ce baby-foot revisité, plein d’humour, est signé d’une Française, Choe Ruchon, à l’occasion du festival international de Design à Berlin, en juin 2009. Neuf autres exemplaires existent dans le monde, dont l’un est présenté au Grand Palais à Paris jusqu’au 28 janvier dans l’exposition intitulée « Des Jouets et des Hommes ». Pas vraiment un jouet de petite fille donc, plutôt une fantaisie pour les papas… au porte-feuille bien garni puisque F.A.O Schwarz le vend 24.999 dollars et 99 cents. De quoi combiner le ridicule des prix d’aujourd’hui avec le faste d’autrefois!

 

Par Elisabeth Guédel

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