Pinasse café/ Basse saison o féré

Jadis, les bordelais était les seuls à profiter d’un petit paradis, presqu’île improbable pour laquelle un millionnaire dépensait des millions en cailloux  afin, en la remblayant, de sauver sa pointe. Pour s’assurer un retour sur son  investissement, Benoît Bartherotte, puisqu’il s’agit de lui,  invita force people et autres célébrités dans ses « cabanes » en bois-il y en a beaucoup ici- et s’assura de quantités d’articles dans la presse déco vantant les merveilles de ce  coté sauvage du bassin d’Arcachon. Le Cap ferret était lancé, attirant moult touristes pour la journée- très peu d’hôtels ici- arrivant par bateaux d’Arcachon, la bourgeoise quelque peu défigurée, ou par la route congestionnée en été. Ici, c’est donc la basse saison qui est devenue la meilleure; on s’y croise entre habitués qui se regardent tels des privilégiés conscients de profiter d’un petit paradis sur terre. Les feux de bois crépitent dans les cabanes (on ne dit pas villa ici même si beaucoup offrent le même confort) à moins que le moindre rayon de soleil- ils sont nombreux ici- ne mettent tout le monde sur les terrasses. Celles de l’Escale et du Pinasse Café sont les plus belles, face au bassin avec le soleil en face pour le déjeuner. Et si l’Escale, à la cuisine de « brasserie » irréprochable  est le rendez vous du Ferret Capien de souche, vareuse délavée et espadrilles usées jusqu’à la corde, Le Pinasse café ( le nom vient du bateau local, une belle barque habitable  en bois à fond plat ) vient de s’offrir une beauté où les plats rivalisent désormais avec la décoration et le service, ce qui est assez remarquable. Depuis dix huit ans, Laurent et Alexandra Tournier, tous les jours sur le pont enfin en salle et en cuisine,  ont investi ce coin à coté du débarcadère où ils ont-véritable gageure- su rester amis avec la Mairie et le restaurant voisin. Ce qui était d’abord une villa en front de mer est devenu aujourd’hui après d’importants travaux un restaurant élégant mais pas trop, avec une superbe terrasse et des salles recouvertes de photos du coin. Banc d’écaillage, caviar d’Aquitaine à la carte depuis trois ans- comptez 45 euros pour 20 grammes d’une qualité rivalisant avec le Béluga – le chef Yves Gravelier, gendre de Pierre Troisgros, propose une carte réalisée par Emmanuel Goncalves au gré des arrivages pour évidemment du poisson-mulet rôti et riz collant à la tomate, cabillaud à la plancha sauce cacahuète et gingembre ou papillotes de moules aux aiguilles de pin dont le fumet a de quoi vous faire traverser le bassin à la nage…Mais aussi des galettes de canard confit et la presqu’île flottante- jouissive; pour les huitres, c’est bien sûr  le célèbre Joël Dupuch (mais oui, les Petits Mouchoirs) qui s’y colle pour une addition autour de 40 euros, bien plus sage que de nombreux établissements parisiens.  Un peu plus loin, près du club de Voile, chez Bertrand offre une terrasse toute simple avec l’esprit des cabanes d’ostreiculteur ce qu’il est! Un verre de vin blanc et c’est le bonheur de goûter sa production du Banc d’Arguin ou de l’Ile aux oiseaux, courageusement élevées tout au long de l’année accompagnées d’un pâté Lou Gascoun. Enfin, l’ancien hôtel Le Bayonne est devenu l’endroit où dormir mais il faut réserver à l’avance pour profiter d’une chambre sous la glycine, dans cette belle bâtisse en bois dans le quartier des ostreiculteurs rebaptisée la Maison du Bassin. Meubles chinés, fauteuils en chataignier tressés,  draps en lin, rien ne manque pour que le temps s’arrête et que l’on croit être admis au paradis pour environ 150 à 200 euros la chambre double. La terrasse ombragée et le restaurant sous la direction de Franck Le Bourlay sont tout aussi remarquables avec un tartare au couteau à se damner et un buffet de trente desserts maison – époustouflant. Vous l’aurez compris, on mange très bien au Ferret et le seul défaut que l’on pourrait trouver ici, est que c’est un peu loin de Paris…

par Laetitia Monsacré

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