29 janvier 2023
Taz, chronique d’une chute dans la fosse

 

En matière de genre, Cate Blanchett est plus proche dans le film du réalisateur Tood Field, de son rôle androgyne de Bob Dylan que d’une cheffe d’orchestre féminine. Elle en a pourtant toute la sensibilité, ses mains magnifiquement filmées dans son rôle de maestria, au parcours de virtuose qui l’a mené au nec plus ultra- le Philarmonique de Berlin. Il est apparent que l’actrice  a adoré ce rôle qui, d’une interview avec le New Yorker en passant par ses jogging dans la capitale allemande offre la vision d’une femme à qui tout a réussi, y compris d’imposer ses préférences sexuelles, en l’occurrence des femmes. Nageant dans les hautes sphères que seuls les puissants atteignent, sa vie se déroule entre limousines, hôtels de luxe et la fréquentation exclusive de Bach, Beethoven et Mahler. Voilà pourtant qu’un grain de sable s’introduit dans sa parfaite mécanique avec des insomnies où elle entend des choses et une sordide affaire de suicide relayée par les réseaux sociaux. La cheffe est alors contrainte de descendre de son estrade, la chute est proche. N’importe quel melomaner fera de son miel des répétitions de cet orchestre conquis par la musicalité, la sensibilité de cette femme qui « vit » la musique, livrée bientôt aux affres de la vie réelle avec une mise scène au cordeau pour que  l’angoisse monte au fil du récit. Au final deux heures quarante que l’on ne voit pas filer, comme dans les meilleurs symphonies.

LM

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