5 décembre 2013
Sur la rive américaine


C’est l’histoire d’une complicité née en 2009, lorsque pour la première fois au Châtelet  dans un programme spécial « La Nuit des Mayas »,  Kristian Järvi est venu diriger l’Orchestre de Paris – Paavo le grand frère n’en était pas encore directeur musical. Yamandu Costa revient cette année avec de la musique latino-américaine, où il éblouit le public parisien par sa virtuosité sur guitare à sept cordes – la septième, grave, nommée baxaria, a été ajoutée pour enrichir les arômes mélodiques et harmoniques. Avec le Concerto Nazareth, Paulo Aragão rend hommage à un maître brésilien qui, à l’instar de Villa-Lobos, puise autant dans la tradition classique européenne que la musique populaire de son pays. Même perméabilité dans la Suite pour guitare et accordéon de Costa, qui se fait à l’occasion compositeur : la Cavalhada finale (mot qui signifie course de chevaux) étourdit de rythmes et de couleurs.

L’ivresse de la musique

Une ivresse qui reprend celle du Second Danzon d’Arturo Marquez donné en ouverture, pièce que Gustavo Dudamel a rendue célèbre dans le monde entier grâce à ses tournées avec l’Orchestre symphonique Simon Bolivar – le danzon est considéré comme un équivalent mexicain du tango, entre autres pour son lyrisme mélancolique, même si la pulsion, héritière de habanera cubaine, y est plus vive. A la fois très accessible et écrit avec finesse et intelligence, cette page revient pour la troisième fois à l’Orchestre de Paris, qui en livre ce soir une lecture brillante.
On sent d’ailleurs l’héritage de l’école américaine dans la baguette précise et énergique de Kristian Järvi – il a commencé sa carrière comme assistant d’Esa-Pekka Salonen à Los Angeles. Fresque aux allures patriotiques, la Troisième Symphonie de Copland se conclut sur un finale reprenant la Fanfare for the Common Man, contribution à l’effort de guerre devenu un succès mondial lorsque Queen a repris le thème pour son « We will rock you »… Preuve que de l’autre côté de l’Atlantique, les querelles d’avant-garde n’ont pas entamé la générosité de la création musicale, pour notre plus grand plaisir, que nous vous invitons chaudement à partager demain soir avec des interprètes très généreux – deux bis pour les solistes et une louche de comédie musicale à l’orchestre pour la route. Il reste des places…

GL

Orchestre de Paris, Salle Pleyel, 4 et 5 décembre 2013 ; et pour la veine patriotique il y a le 11 et 12 décembre la Septième de Chostakovitch, chant de résistance face à l’oppresseur allemand…

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