21 avril 2017
Sur France 2, ils étaient tous bons!

Pas sûr que l’électeur indécis ait pu à l’issue des quatre heures de direct sur France ce jeudi soir se faire une conviction. S’il est clair qu’il y aura neuf perdants dimanche soir, ce fut un bel exercice de démocratie- demos cratos, le pouvoir du peuple comme l’a rappelé Jean Lasalle, que d’entendre tous ces hommes et femmes qui ont dédié leur vie à la chose politique. « De l’utopie et des rêves », « je voudrai être la voix des sans voix », le berger pyrénéen a fait dans le lyrisme et la poésie, fermant les yeux tel un bouddha. Pas toujours compréhensible, il lui a été reproché par David Pujadas d’être bien sombre à l’image de plusieurs candidats qui ont insisté sur le fait que l’on ne pouvait plus rêver pour nos enfants une meilleure existence que la nôtre à l’image de François Asselineau qui a évoqué son grand père, la larme à l’oeil. La fin de l’espoir? « Refonder la France comme cela, elle sera à nous tous », Jean Luc Mélanchon a ouvert le bal à 20 heures précises, se pliant à l’exercice imposé; un objet emblématique pour chacun-seul François Fillon n’en avait pas-une carte blanche sur une mesure phare de leur programme, une photo d’eux mêmes, souvent tout jeune à commenter, puis un regret dans cette campagne, le tout en quinze minutes chacun. Nathalie Arthaud a gagné le concours du nombre de fois où elle a prononcé le mot « travailleur », virulente et indémontable, Le Pen a parlé de « rendre les clés à la France », arborant un sourire forcé permanent, concluant avec panache qu’elle n’avait pas de regret de ne plus être avocate « 65 millions de français en attendant un ». Quant à Nicolas Dupont Aignan, c’est avec son smartphone qu’il s’est distingué en  lisant les SMS de pression de Serge Dassault, patron du Figaro et soutien de François Fillon que le député d’Essonne  a voulu que «  les Français sachent ce qu’il y a derrière les coulisses et pourquoi notre démocratie ne fonctionne plus ».

Quand l’actualité s’impose

Benoit Hamon a brandi pour sa part tantôt sa carte vitale pour défendre la sécurité sociale tantôt celle d’électeur tandis que Philippe Poutou avait choisi le drapeau de la Guyane pour un discours musclé usant à l’envi du « nous », souriant, parlant vrai « Le Pen et Fillon sont des voleurs », offrant une vision de l’homme politique bien lointaine d’Emmanuel Macron qui lui a fait suite, bon élève bien peigné et appliqué, qui a du réagir en direct sur la fusillade des Champs Elysées. Puis vint Cheminade et là, ce fut un homme au beau parler, citant Hugo pour « donner de la culture, vous fermerez les prisons ». Imposant une figure d’homme des lumières, il a répondu au « combien ça coûte? » de Pujadas, par « combien cela pourrait rapporter… », ajoutant que s’il voulait faire chanter les élèves français dans les églises, c’était parce qu’il y avait « une très bonne acoustique… » et que la justice devait être « un vrai pouvoir, pas une autorité ». Dernier candidat à passer, François Fillon se positionna en homme d’Etat, prêt à gouverner la France, « n’étant ni dans le regret ni dans le fétichisme », lançant, au passage, une pique bien emballée à Léa Salamé en la félicitant sur sa maternité récente. Il faut avouer que cela semble l’avoir calmée et que c’est un bel exercice de journalisme auquel elle et David Pujadas se sont livrés malgré l’actualité, ne cédant à aucun sensationnalisme « chaine d’info ». Objet de toutes les conclusions des candidats, le nouvel attentat sur les Champs Elysées a permis à Philippe Poutou de rappeler que si la mort d’un policier était terrible, celle de tous les travailleurs-ouvriers ou agriculteurs qui se suicident- était aussi scandaleuse. C’était important de le rappeler.

LM

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