30 avril 2012
Sexe et mort au Petit Montparnasse

Deux spectacles, deux ambiances; il est pourtant question pour « Le Mec de la tombe d’à côté » et « Peggy Guggenheim », tous deux joués au Petit Montparnasse, de deux femmes en mal de sexe, confrontées à la mort. Et si le premier traite de cela façon téléfilm sur TF1, le second est un bonheur en grande partie grâce à Stéphanie Bataille, seule en scène et irrésistible dans ce rôle de cette milliardaire qui appelait ses oeuvres d’art-ses « bébés ». Avec un abattage certain, occupant la scène dès la première minute et une jolie mise en scène inspirée de Christophe Lidon que l’on ne présente plus, la vie de celle qui perdit son gentleman de père dans le Titanic ( il céda sa place dans le canot à une femme de deuxième classe) puis découvrit l’Europe, se fit refaire son nez et eut deux maris dont Marx Ernst, nous est raconté sous la plume de Lanie Robertson, mélant l’émotion et l’humour comme il se doit. Peggy est là devant nous au milieu de ses robes haute couture, Balenciaga inspiré par Miro, Dior par Mondrian-« parfaite pour faire une pipe »– et un tailleur Chanel personnalisé par  Pollock-la peinture du tableau était encore fraiche quand par mégarde elle s’y frotta… Son angoisse? Que va devenir sa collection lorsqu’elle sera morte? Alors elle est là, dans son palazzio à Venise, une petite chose tout en marbre blanc d’un seul étage face à Saint Marc sur le Grand Canal, avec comme voisins les galeries de Académie chez qui elle va « emprunter du sel ». Et une terrasse où cette mangeuse d’hommes-surtout lorsqu’ils sont en pantalon « baggy »- se met à bronzer avec « des gondoliers qui dès qu’ils me voient à poil, savent que l’hiver est fini! ».

Modeste milliardaire

Buvant du Veuve Cliquot au goulot, défendant l’art moderne comme un louve avec cette très belle définition que celui-ci  « n’est pas une réponse mais une question », elle acheta, non pour spéculer mais pour « aider à vivre, à élever leurs enfants ou à boire » tous ces artistes sans le sou qui s’appelait Kandinski, Henri Moore, Arp, Brancusi, Giacometti, Rothko, de Kooning ou Pollock. D’ailleurs, leurs toiles avaient alors si peu de valeur que le représentant du Louvre refusa de cacher sa collection lorsque les allemands en 1940 envahirent Paris. Mais, Peggy Guggenheim, si elle fut héritière « et encore je suis de la branche pauvre des Guggenheim » n’eut pas une vie très douce, perdant son « daddy » chéri puis sa soeur adorée en couche avant que sa fille, Pegeen ne se suicide. La mort fut ainsi plus que présente dans sa vie tout comme le titre l’indique dans la seconde pièce donnée ce samedi, « Le mec de la tombe d’à côté », plébiscité par le public-on en est à la quatrième reprise- apparemment charmé par cette histoire de jeune veuve rat des villes qui rencontre au cimetière un « bouzeux » des champs. « Je regrette le bruit de sa chasse d’eau, là assise sur un banc de cimetière ». Hugo est mort et Daphné, elle,  a les « ovaires qui la démangent ». Alors elle va jeter son dévolu sur ce vieux fils qui vient de perdre sa mère, lui offre un collant turquoise et se prend bientôt pour un taureau face à celle qu’il appelle « la femme beige avec ses deux petites prunes » en guise de seins. De la poésie? De l’émotion? Que nenni. Juste la caricature d’une histoire à laquelle on ne croit pas une seconde. Le public a pourtant adoré. Dommage, il méritait vraiment mieux.

LM

Peggy Guggenheim-une femme face à son miroir à 19 heures et Le mec de la tombe d’à côté, à 21h au Petit Montparnasse

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